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Défrichement des forêts, expansion de l'agriculture et utilisation des terres en Amazonie sous l'œil des satellites
13.12.2018 – Grâce à la surveillance par satellite, il n'est pas rare que les autorités arrêtent des malfaiteurs en flagrant délit de déforestation illégale.
(ATS/AGIR) - Depuis trente ans, des scientifiques brésiliens s'appuient sur les images des satellites tournant autour de la Terre et transmises à l'Institut national de recherches spatiales (INPE) du Brésil pour surveiller les pertes forestières, l'expansion de l'agriculture et l'utilisation des terres en Amazonie. Les locaux de l'INPE sont pourtant loin de l'Amazonie, situés dans la ville de Sao José de Campos, dans le sud-est du Brésil, non loin de Sao Paulo. Mais les milliers d'images satellites envoyées aux observateurs leur donnent une idée précise de ce qui se passe quotidiennement dans la forêt. "C'est le seul projet au monde à faire un suivi de cette ampleur", explique à l'AFP le coordinateur du programme, Claudio Almeida, en faisant visiter le centre. "Toute l'Union européenne pourrait s'insérer dans l'Amazonie, avec un petit morceau à l'extérieur. La surveiller signifie donc qu'il faut être à la pointe de la technologie de télédétection", souligne-t-il.
Ce programme de surveillance est d'abord né sous la dictature militaire (1964-1985). Par la suite, sous la pression croissante des défenseurs de l'environnement, le gouvernement démocratique a décidé à partir de 1988 de l'utiliser pour suivre en continu les pertes forestières. À l'époque, il fallait deux ans pour réaliser une étude complète de la déforestation sur une année. Aujourd'hui, l'équipe de surveillance reçoit chaque jour des images en basse résolution et peut, dès le lendemain, alerter la police sur des activités suspectes. "Cela permet une plus grande rapidité pour effectuer les contrôles", explique Claudio Almeida. Grâce à la surveillance par satellite, il n'est pas rare que les autorités arrêtent des malfaiteurs en flagrant délit.
En novembre, c'est aussi l'INPE qui a donné l'alerte, informant que la déforestation de l'Amazonie avait atteint en 2017 son plus haut niveau en 10 ans, soit 7900 km2, l'équivalent d'un million de terrains de football. "C'est inquiétant, nous sommes bien au-dessus de l'objectif fixé", s'alarme Claudio Almeida, rappelant que le gouvernement brésilien s'était engagé à ramener la déforestation à 3.500 km2 par an d'ici à 2020.
Pour renforcer ses capacités de surveillance, l'INPE s'emploie à lancer son propre satellite, Amazonia-1, entièrement développé au Brésil. D'un budget de 77 millions, il devrait être lancé en 2020. "C'est très important pour le Brésil de maîtriser cette technologie", souligne Claudio Almeida.
Mais surveiller la déforestation est une chose. L'arrêter en est une autre. Le ministère de l'Environnement manque cruellement de personnel et de ressources quand il s'efforce d'intervenir contre les activités illégales. Il y a aussi des vents contraires de plus en plus forts. Le président élu d'extrême droite Jair Bolsonaro, qui prendra officiellement ses fonctions le 1er janvier, a annoncé qu'il pourrait assouplir les contrôles environnementaux en faveur de l'expansion agricole.
Auteur : ATS/AGIR