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Réchauffement climatique
11.10.2018 – Les pays européens ne devraient pas compter massivement sur leurs forêts pour faire reculer le changement climatique. Au contraire, ils devraient plutôt veiller à les protéger du réchauffement, souligne une étude.
Pour l'accord de Paris, l'UE s'est engagée à réduire d'au moins 40% ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030, par rapport à 1990, comptant sur les forêts pour environ un quart de cet objectif. Dans une étude parue mercredi dans Nature, les chercheurs ont travaillé sur différentes stratégies de gestion forestière en Europe, qu'il s'agisse de maximiser le stockage de CO2 ou de réfléchir plus de lumière, ainsi renvoyée vers l'espace. "Les quantités de carbone séquestrées pendant 90 ans par les arbres seraient faibles comparées à la quantité de carbone relarguée dans l'atmosphère pour le scénario le plus probable (où le réchauffement continuerait sur sa lancée actuelle, ndlr), soit environ 500 ppm", conclut Guillaume Marie, climatologue à l'Université de Paris-Saclay. Ainsi, pour absorber 8 milliards de tonnes de CO2 d'ici 2100, il faudrait que les conifères, espèces les mieux à même de pomper le carbone dans cette région du monde, remplacent les feuillus sur une surface équivalente à l'Espagne. Mais leur couleur plus foncée viendrait annuler ces gains, en alimentant le réchauffement, expliquent les chercheurs. "L'erreur classique est de penser que séquestration de CO2 = refroidissement du climat", dit Guillaume Marie. "C'est le cas si on ne change pas les propriétés optique, chimique et physique de la planète. Or en favorisant les forêts de conifères au détriment des feuillus, on change la couleur des feuilles".
L'étude recommande aux gouvernements de concentrer leurs efforts sur la protection de ces écosystèmes, "d'adapter les forêts au climat de demain", afin qu'elles puissent rendre encore leurs services écologiques, économiques ou culturels. Enfin concernant un éventuel reboisement, "une afforestation massive de l'Europe pourrait significativement réduire les émissions de CO2, mais ce scénario est très peu probable étant données la densité de population", estime Guillaume Marie.
Auteur : ATS/AGIR