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Les plateformes de placement ne tournent pas encore à plein régime
La fermeture des frontières et les autres restrictions liées à la crise actuelle du coronavirus a créé de vives inquiétudes, il y a un mois, alors que les premières récoltes allaient commencer. Les différents acteurs se sont dès lors organisés afin de trouver des solutions. D’un côté, la plateforme romande Agrix, gérée par Proconseil, filiale de l’Association vaudoise de promotion des métiers de la terre Prométerre, a lancé une version pour la Suisse alémanique. De l’autre, l’offre Coople, destinée aux “emplois flexibles”, a ouvert un portail spécifique pour les récoltes de fruits et légumes, en collaboration notamment avec Fruit-Union Suisse et l’Union maraîchère suisse (UMS).
Ces nouvelles offres ont rapidement rencontré du succès auprès de la population. Pour la plateforme Agrix, les chiffres parlent d’eux-mêmes. La plateforme créée en 2014 comptait 1027 comptes activés. Or, depuis la mise à jour du 20 mars dernier, ce nombre a doublé en à peine un mois pour atteindre 2216 comptes.
Main-d’œuvre étrangère encore attendue
Mais si les gens se proposent, peu d’agriculteurs en profitent. "Il y a certainement un déséquilibre à l'heure actuelle sur ces plateformes entre de nombreuses recherches d'emplois pour peu d'offres de la part du secteur agricole, explique Francis Egger, responsable du Département Economie, formation et relations internationales de l’Union suisse des paysans. Cela s'explique par le fait que les agriculteurs suisses attendent encore de savoir s'ils pourront engager leur main-d’œuvre étrangère habituelle.”
Il y a plusieurs raisons à cela, notamment car ces travailleurs étrangers connaissent exactement les tâches à effectuer lors de récoltes auxquelles ils participent chaque année. “Les employeurs craignent aussi que, s'ils ne les embauchent pas cette année, les travailleurs étrangers qualifiés ne reviendront pas forcément l'année prochaine, ajoute Francis Egger. Enfin, un autre élément est qu'il n'y a pas encore de date sur la reprise d'autres secteurs d'activité comme celui de la restauration. Il est donc difficile d'embaucher un travailleur à la recherche d'un emploi temporaire et qui vient justement de l'une de ces branches professionnelles, en ne sachant pas si celui-ci pourra rester jusqu'à la fin des récoltes.
Les maraîchers alémaniques “satisfaits”
En proposant du travail flexible à travers des missions temporaires, payées à l’heure, l’offre Coople est quelque peu différente. Les partenaires semblent satisfaits. "Selon les retours des maraîchères et maraîchers que nous recevons, le placement de personnel se fait de manière aisée, rapide, et ils sont satisfaits du personnel engagé”, répond l’Union maraîchère suisse.
Toutefois, cette offre est pour l’heure principalement utilisée de l’autre côté de la Sarine. "La collaboration avec les producteurs de fruits et légumes a plus de succès en Suisse alémanique où notre entreprise est implantée depuis plus de temps, confirme Simon Vogel, responsable de l’antenne romande. En Suisse romande, les producteurs de fruits et légumes peuvent toutefois aussi faire appel à notre service pour compléter leur main-d'œuvre. Nous sommes également en train de discuter avec Prométerre pour voir si nous pouvons collaborer d'une manière ou d'une autre."
Au final, le rôle de ces plateformes sera peut-être plus important ces prochaines semaines, car certains agriculteurs n’auront pas réussi à faire venir leur main-d’œuvre étrangère. "Le besoin en personnel, étranger ou national, est bien présent, relate l’Union maraîchère suisse. Les récoltes débutent ces jours pour de nombreux légumes. Des travailleurs étrangers sont attendus, mais leur venue est parfois encore incertaine car, pour certains, les transports en bus ou en avion ne sont actuellement plus possibles.”
Loïc Delacour/AGIR