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Un timbre-poste à l’effigie d’un ravageur: le scarabée japonais
Ce timbre de 85 centimes a été conçu par l’illustrateur scientifique Angelo Boog, avec le concours du Service phytosanitaire fédéral (SPF) dirigé conjointement par l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) et par l’Office fédéral de l’environnement (OFEV).
Le scarabée japonais est originaire, comme son nom l’indique, de l’archipel nippon. Cet insecte a été détecté en Amérique du Nord il y a une centaine d’années, expliquent l’OFAG et l’OFEV dans un communiqué publié aujourd’hui. Des bulbes de fleurs infestés de vers blancs avaient permis à ce grand voyageur de se propager sur ce continent, où il cause encore des ravages et où d’importants moyens sont déployés pour le combattre. Tandis qu’au stade larvaire, le scarabée japonais vit dans le sol de prairies humides, où il se nourrit essentiellement de racines de graminées, il a, à l’âge adulte, une prédilection pour les feuilles de divers arbres (pommier, orme, tilleul, érable, pêcher, etc.), d’arbustes (vigne, ronce [mûres], rosier, etc.) et d’autres plantes (maïs, fèves de soja, etc.). Seules les branches et les nervures des feuilles résistent à son appétit vorace.
Détection précoce
Le scarabée japonais a été repéré pour la première fois sur le continent européen en été 2014, près de Milan, puis en 2017, en Suisse, dans le Sud du Tessin, près de Stabio, grâce à des pièges installés à titre préventif.
Une fois établi, il est difficile à éliminer. Il est possible de combattre quelques petites infestations isolées en utilisant des pièges ou en ramassant les insectes. Si l’attaque est plus importante, il faut recourir à des méthodes biologiques et mécaniques pour prévenir une augmentation brutale du nombre de ravageurs. Comme il n’a pas d’ennemis naturels connus en Suisse, sa prolifération aurait de lourdes conséquences écologiques et économiques.
Le directeur de l’OFAG, Christian Hofer, a profité de la présentation du timbre-poste pour insister sur le grand danger que représentent les scarabées japonais, mais aussi d’autres organismes nuisibles et agents pathogènes comme les insectes, les nématodes, les bactéries, les champignons ou les virus. Ceux-là peuvent compromettre sensiblement la santé des végétaux et par là même la production de denrées alimentaires.
Le sous-directeur de l’OFEV, Paul Steffen, a souligné pour sa part les importants services que rend la forêt, notamment par son action protectrice contre les dangers naturels. Il a toutefois précisé qu’il était difficile de lutter contre les organismes nuisibles dans le milieu forestier, d’où le rôle capital de la prévention et par conséquent de la détection précoce.
Le SPF, précise le communiqué, fournira de la documentation dans le courant de l’année pour faciliter l’identification d’autres nuisibles et agents pathogènes des végétaux, tels que le capricorne asiatique des agrumes (cousin du capricorne asiatique), l’agrile du frêne ou le dangereux virus du fruit rugueux brun de la tomate.
Insecte nuisible facile à reconnaître
Le scarabée japonais a des parents indigènes comme le hanneton commun et le hanneton de la Saint-Jean. Néanmoins, il est facile à reconnaître, même pour les profanes : Il mesure de 8 à 12 mm de long (et est donc plus petit qu’il n’apparaît sur le timbre). Ses élytres, aussi appelées « couvertures alaires » sont de couleur brun cuivre ; la tête et le corps sont d’un vert doré brillant. Les touffes de poils blancs sont caractéristiques : cinq petites de chaque côté de l’abdomen et deux plus grandes sur le dernier segment abdominal (pygidium). En cas de suspicion, le scarabée doit être capturé et photographié et le service phytosanitaire cantonal responsable doit être immédiatement informé, insiste le communiqué. (www.sante-des-vegetaux.ch ).
AGIR/SP
De l'argent européen pour lutter contre le scarabée japonais
La station fédérale de recherche Agroscope vient d'obtenir l'adjudication d'un projet "Horizon 2020" de l'Union européenne doté de 5,5 millions d'euros. Ce mandat sur quatre ans vise à développer des stratégies de lutte durables en collaboration avec des partenaires européens.
Plusieurs groupes de recherche d'Agroscope, de même que 12 institutions d'Allemagne, de France, d'I'talie, d'Autriche, du Portugal et de Suisse collaborent dans le cadre de ce projet dirigé par la station fédérale.
Les universités et instituts de recherche sont également représentés au sein du consortium, tout comme des PME des secteurs du biocontrôle et de l'informatique, des services phytosanitaires officiels et des coopératives agricoles, a indiqué jeudi Agroscope dans un communiqué.
L'approche multidisciplinaire doit garantir une prompte mise en oeuvre des résultats scientifiques dans la pratique, car ce qui compte avant tout si l'on veut freiner l'invasion actuelle de scarabées japonais, c'est la rapidité, notent les experts.
(ATS/AGIR)