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Après 20 ans de libéralisation, le Gruyère AOP se porte bien
(AGIR/LD - 13.06.2019) - Il y a des chiffres qui ne trompent pas. Lors des années 1987-1988, près de 19’000 tonnes de Gruyère AOP étaient vendues en Suisse et à l’étranger. En 2000, le chiffre grimpait à environ 25’000 tonnes. Or l’année dernière, les ventes ont atteint 30’209 tonnes. Il s’agit là d’un record historique pour la branche. La libéralisation du marché du fromage par la Confédération au 1er mai 1999 ne semble donc pas avoir eu un effet négatif, bien au contraire, selon ces chiffres présentés par Philippe Bardet, directeur de l’Interprofession du Gruyère (IPG), en marge de l’assemblée des délégués de ce jeudi 13 juin.
“En faisant fi des cassandres de 1999, l’IPG a pu maintenir, voire faire évoluer positivement le prix du Gruyère AOP, et par conséquent le prix du lait qui est l’un des plus élevés au monde”, se félicite la branche. Elle entend continuer sa progression pour atteindre 31’000 tonnes de ventes à la fin de l’année en cours.
Le bio a le “vent en poupe”
Alors que ce n’était pas vraiment le cas ces 5 dernières années, avec des quantités importantes, de 50 à 100 tonnes, qui ne trouvaient pas preneurs, le Gruyère bio a séduit l’année dernière, puisqu’il manquait même de la production. “Ce secteur a sans doute bénéficié de l’anniversaire des 25 ans du label Naturaplan de la Coop, estime Philippe Bardet. Nous voulons poursuivre cette croissance, mais pas au détriment du Gruyère AOP traditionnel. Il faut dire que, c’est le cas en Suisse mais particulièrement à l’étranger, le Gruyère AOP, même sans labellisation bio, est considéré d’un point de vue qualitatif comme un produit naturel.”
L’étranger, justement, continue d’être une terre d’exploration pour la filière. Elle entend y développer encore plus ses ventes. Les marchés de langues anglophones, comme l’Afrique du Sud, l’Australie ou le Canada semblent porteurs. La Scandinavie aussi, et l’IPG continuera de sponsoriser les compétitions internationales de ski de fond pour toucher précisément cette région. À noter, toutefois, que le principal importateur de Gruyère AOP reste les Etats-Unis avec 3’514 tonnes, suivi de l’Allemagne (~3’200 t) et la France (~1’600 t). Mais les plus grands consommateurs de Gruyère restent les Suisses avec 15’202 tonnes, soit environ 50% de la consommation totale en 2018.
Protéger le Gruyère AOP à travers le monde
Conquérir de nouveaux marchés n’est toutefois pas toujours aisé. Le directeur de la branche souligne notamment les difficultés pour entrer sur le marché chinois. “Tout le monde dit qu’il faut y aller, mais pour nous ça ne fonctionne pas, déclare-t-il. Les exigences du pays en terme d’hygiène ne sont tout simplement pas tenables, compte tenu de la méthode même de fabrication du Gruyère.” Philippe Bardet en a profité pour lancer une petite pique à l’attention de ceux qui négocient les accords de libre-échange sans prendre en compte ces barrières non tarifaires.
Il estime, de plus, qu’il faudra “continuer à protéger le Gruyère AOP à travers le monde en faisant attention à ne pas signer des accords de libre-échange qui peuvent tout remettre en question”. Une manière de dire au nouveau chef du Département fédéral de l’économie qu’il a du pain sur la planche, et le Gruyère qui va avec…
AGIR
Lien sur le communiqué de presse de l'IPG: https://gruyere.com/fr/actualites/communique-de-presse-13/