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Comment se portent les forêts fribourgeoises 20 ans après l’ouragan Lothar?
Les 26 et 27 décembre 1999, des vents violents balayent l’Europe avec une force inouïe touchant de plein fouet le Plateau suisse et le canton de Fribourg. Des milliers d’hectares de forêts sont à terre. Ce désastre, rappelle l’Etat de Fribourg aujourd’hui dans un communiqué, a fortement marqué le monde forestier mais aussi la population. Aussi, vingt ans plus tard, le Service des forêts et de la nature (SFN) fait le point sur l’état du patrimoine boisé et tire un bilan objectif du travail accompli depuis 20 ans afin de reconstruire les surfaces forestières détruites.
Depuis le passage de Lothar, la composition des forêts, note par exemple le SFN, a évolué vers un état plus proche de la nature. Les feuillus ont largement remplacé les résineux en plaine. La structuration étagée des forêts avec des arbres de toutes tailles et de tous âges permet une meilleure résistance aux vents mais aussi à la sécheresse. Le chêne et d’autres essences ont été plantés : une forêt mélangée est gage d’une meilleure résilience au changement du climat en cours, précise le communiqué.
Plusieurs surfaces dévastées n’ont pas été exploitées permettant à la nature d’évoluer librement selon les processus de décomposition du bois et de régénération naturelle. Une multitude d’insectes menacés d’extinction notamment xylophages (insectes se nourrissant de bois) ont pu s’y développer. Ces milieux forment des niches écologiques très riches en biodiversité, note encore le SFN.
Sur le plan humain, la sécurité au travail a été fortement améliorée et sa pénibilité allégée par l’introduction d’une mécanisation adaptée. Ces méthodes de récolte ont permis également un travail plus rationnel. Le communiqué précise cependant que l'évolution de la forêt est marquée par une grande inertie, c’est-à-dire un lent développement. Par conséquent, c’est un travail de longue haleine qui attend encore les propriétaires forestiers et les milieux professionnels.
Par ailleurs, les spécialistes du SFN peuvent, grâce aux connaissances scientifiques actuelles, anticiper certains effets du changement climatique. La vie d’un arbre s’étalant sur plusieurs siècles, le Service fribourgeois explique qu’il est primordial d’anticiper le climat de demain et par conséquent, d’adapter la composition et la structure de nos forêts afin d’accroître leur résistance et surtout leur résilience face aux conditions écologiques futures.
Certaines essences phares telles que l’épicéa, largement planté au siècle passé en plaine, auront du mal à survivre. Cela aura un impact au niveau de l’économie forestière qui devra également évoluer, pas seulement au niveau de la gestion forestière mais aussi de la mise en valeur du bois. Le chêne mais aussi d’autres essences plus résistantes à la sécheresse feront leur apparition, détaille à ce propos le communiqué.
La gageure des forestiers sera d’assurer que la forêt puisse toujours remplir ses différentes fonctions: son rôle protecteur contre les avalanches, les chutes de pierres ou encore les laves torrentielles; son rôle d’accueil du public; celui d’un milieu riche en biodiversité végétale ou animale; son rôle de protection de l’environnement; et enfin, celui de la production de bois fournissant des matériaux au bilan CO2 favorable. Le bois-énergie a une belle carte à jouer dans cadre de la réduction des émissions de CO2. Son potentiel est encore largement sous-exploité dans le canton de Fribourg, précise le communiqué.
Pour commémorer les vingt ans de Lothar et informer le grand public sur l’état et l’évolution de ses forêts, le canton a concocoté tout un programme de découverte, pédagogique et ludique, avec à la clé notamment, des excursions, une exposition itinérante ou encore une série d’articles sur le thème de la forêt qui paraîtra dans La Liberté.
Plus d’information: https://www.fr.ch/sfn/energie-agriculture-et-environnement/forets/20-ans-apres-lothar
AGIR/SP