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Des drones pour sauver les faons
À voir également, notre reportage vidéo:
https://www.youtube.com/watch?v=7HWgkrRJzHE
De nos jours, les machines agricoles vont beaucoup plus vite qu’à l’époque, relate Anne Munzinger de la Fédération Cynégétique Genevoise. Il s’agit donc d’un risque supplémentaire pour les faons. Leur réflexe est de ne pas bouger, pour pas se faire repérer par les prédateurs, ils ne fuient pas lorsque la faucheuse s’approche. ”Chaque année, ce sont donc des dizaines de jeunes animaux qui sont tués.
Les conséquences sont aussi sanitaires. Avec des animaux morts broyés dans le foin, il y a un grand risque que se développe le botulisme. “C’est une bactérie anaérobie qui se développe dans des milieux sans oxygène, explique Anne Munzinger. Or, après la fauche, les bottes sont souvent enrubannées dans des plastiques verts ou blancs. Ce sont des milieux dans lesquels il n’y a justement pas d’oxygène, et elles se développent à l’intérieur.”
Un service gratuit pour les agriculteurs
Les différents milieux que sont la Fédération Cynégétique Genevoise (FCG), AgriGenève et les agriculteurs genevois ont donc décidé d’agir, avec le soutien de l’Office cantonal de l’agriculture et de la nature. Ils ont mis sur pied une équipe de 45 bénévoles, dont 8 pilotes et 3 drones. Les engins volants permettent de repérer les faons à l’aide de caméras thermiques. Pour ce faire, il faut opérer tôt le matin, lorsque la température n’est pas trop élevée, afin que les différences entre la température des animaux vivants et celle au sol soient plus facilement identifiables sur l’écran de contrôle.
“Ce projet, nous l’avons financé grâce à des donateurs, relate François Erard, directeur d’AgriGenève. L’Office cantonal de l'agriculture et de la nature nous a aidés avec des prestations en nature. AgriGenève a contribué à l’impression d’une plaquette d’information. Et des donateurs nous ont permis de financer ce projet dont le coût avoisine à peu près les 30’000 francs pour cette année.”
Les agriculteurs genevois peuvent donc bénéficier de cette précieuse aide gratuitement. L’équipe de bénévoles attend dorénavant d’être prévenue, si possible quelques jours avant le jour de la fauche, pour que leurs drones puissent tenter de sauver les faons.
AGIR
Un projet similaire dans le Jura
Ce même jour, AgriJura communique sur un projet similaire. Explications de Walter Amstutz, président de la Commission de protection de la faune de la Fédération jurassienne des chasseurs…
Quelles solutions techniques sont mises en place dans le Jura pour éviter de tuer les faons?
Diverses solutions sont actuellement en pratique dans le canton du Jura. Celles-ci vont du plus simple procédé qui consiste à une observation par l’agriculteur, le chasseur ou les particuliers des surfaces herbagères. En cas de suspicion ou constatation de présence du chevreuil (chevrette), nous tentons d’agir sur les 3 sens de l’animal soit : l’ouïe, l’odorat et la vue. L’utilisation de drones intervient depuis cette année.
L’engagement de ces divers moyens permet le sauvetage régulier de faons, mais également l’effarouchement d’autres espèces sauvages ou domestiques
Les chasseurs utilisent-ils toujours les chiens d'arrêt? Est-ce efficace?
La recherche de faons avec les chiens est très peu pratiquée. En effet, elle sollicite énormément le chien. Les pollens et graminées peuvent rapidement neutraliser les capacités de recherche du chien (de manière irréversible). D’autre part, le faon n’ayant pas d’odeur, le chien prendra souvent le pas sur les effluves d’un animal adulte sans atteindre l’objectif recherché.
Pourquoi voit-on de nouvelles mesures arriver? Est-ce lié au bien-être animal et à l'opinion publique sur ce sujet?
Pour le drone, l’évolution de la technologie, l’accessibilité et l’utilisation de ces éléments apportent certainement une grande motivation auprès des utilisateurs. Le sauvetage de faons élargit encore les possibilités d’engagement de ces engins volants.
Les capacités extraordinaires du drone permettent d’assurer une visualisation assez rapide sur des surfaces importantes. Mais cela nécessite une présence constante, un matériel de pointe et une logistique conséquente.
Il est évident que l’opinion publique est particulièrement sensible au bien-être animal. Le public réagit très positivement aux mesures permettant la sauvegarde de faons. Les divers mouvements actuels entretiennent souvent des attitudes exacerbées en particulier lors d’atteinte au domaine animal ou végétal, d’où l’importance des mesures de prévention.
Le drone reste un moyen complémentaire à la recherche de faons. L’utilisation de ces engins doit être clairement définie et réglementée en accord avec la législation. L’utilisation des drones pour la recherche de faons est placée sous la responsabilité de la commission de la protection de la Fédération cantonale jurassienne des chasseurs en accord avec l’Office de l’environnement du canton du Jura.
Propos de Walter Amstutz recueillis par AGIR, mai 2019