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L’industrie du bois et l’économie forestière suisses face au changement climatique
(AGIR/SP) - «L’industrie du bois va-t-elle manquer de matière première à cause du changement climatique?»... C’est sur cette question ainsi que sur les causes et les effets du changement climatique que le météorologue de la télévision suisse alémanique Thomas Bucheli s’est exprimé en ouverture du congrès qui a suivi l’assemblée générale annuelle de l’Association Industrie du bois Suisse, informe IBS dans un récent communiqué.
Le météorologue a comparé le climat mondial à un mécanisme d’une grande complexité dont l’équilibre est actuellement mis en danger. Selon les scientifiques, le réchauffement climatique ne fait aucun doute, a expliqué le conférencier. Toutefois, on ne peut pas déterminer avec certitude jusqu’où les températures moyennes continueront à grimper. Mais même avec les scénarios «les plus minimalistes», les effets se feront nettement sentir – et pas seulement pour la forêt, a-t-il précisé.
Responsable du programme de recherche Forêts et changements climatiques (https://www.wsl.ch/fr/a-propos-du-wsl/programmes-et-initiatives/programmes-clos/programme-de-recherche-forets-et-changements-climatiques.html) qui s’est terminé à fin 2018, le Dr. Peter Brang, de l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage WSL a présenté les chances de survie des différentes essences d’arbres face à la hausse des températures et à la sécheresse, avec les recommandations qui en découlent pour la sylviculture. Ainsi, l’avenir de l’épicéa, aujourd’hui fortement représenté sur le Plateau suisse, serait menacé, des essences comme le chêne rouvre, le tilleul, l’érable plane, le cerisier, le noyer, le pin, le sapin de douglas et probablement le sapin blanc devraient profiter du changement climatique, a expliqué le spécialiste. Il a précisé que ces essences sont déjà en observation et font l’objet de tests de plantation dans différentes conditions. Même si l’étendue du réchauffement climatique ne peut pas être mesurée avec précision, Peter Brang a conseillé aux professionnels du bois de favoriser ces essences dès aujourd’hui et de façon ciblée, et de les prendre en considération pour compléter le rajeunissement naturel.
Tirant le bilan, pour l’industrie du bois, des différentes interventions, le président d’IBS Thomas Lädrach a expliqué qu’en raison de conditions climatiques toujours plus imprévisibles et des dégâts aux forêts qui vont de pair, les marchés du bois brut connaîtront des fluctuations de l’offre toujours plus fortes et des écarts de prix toujours plus marqués. Il a ajouté qu’en raison des plus grands volumes de bois générés par les tempêtes, il serait urgent de procéder à des adaptations de la logistique, par exemple en augmentant les capacités de stockage.
Il a expliqué aussi que si l’industrie doit globalement s’adapter à une plus vaste gamme de différentes essences d’arbres, elle restera cependant principalement tournée vers le bois résineux car le bois feuillu ne peut être utilisé dans la construction qu’à certaines conditions. Les expériences faites jusqu’à présent parlent en faveur du sapin de douglas pour remplacer en partie l’épicéa. Une autre stratégie consisterait à accentuer l’élimination des gros bois résineux dans les Préalpes. Le sapin blanc indigène fait aussi partie des espoirs de l’industrie du bois face au changement climatique, a conclu le président d’IBS.
Notons par ailleurs que l’exercice annuel de l’Association Industrie du bois Suisse fait ressortir une hausse de la production de sciages de 4,5% par rapport à l’année précédente. Cette augmentation est due à la situation de l’approvisionnement en grumes exceptionnellement bonne et à des marchés des ventes très réceptifs. Les activités de marketing pour le Certificat d'origine bois Suisse (COBS) ont aussi porté leurs fruits et ont stimulé la demande. Dans ce contexte, le directeur d’IBS, Michael Gautschi, a présenté la nouvelle campagne de sensibilisation et de publicité « Woodvetia 2.0 », qui comporte notamment la réactualisation du label « bois suisse ».
AGIR/SP