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Recherche - Le stress dû à la chaleur chez les vaches laitières au pâturage examiné sous toutes les coutures
Agroscope, le Centre spécialisé dans la détention convenable des animaux de l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV), le FiBL, l’Université de Göttingen (D) et l’Université de Berne ont lancé un projet commun en 2018 portant sur la détection précoce du stress dû à la chaleur chez les vaches laitières au pâturage. Cette étude est soutenue financièrement par l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) et l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) ainsi que par la Fondation Sur-la-Croix. Lors d’une première étape, les chercheurs ont réalisé une enquête auprès de 258 agriculteurs. L’objectif, précise le groupe de travail aujourd’hui dans un communiqué, était de définir la présence au niveau pratique de la thématique du stress dû à la chaleur chez les vaches laitières au pâturage et la manière dont elle est abordée.
Au cours de la première partie de l’enquête, les participants ont répondu à des questions touchant à l’emplacement et à la structure de leurs exploitations laitières. De l’analyse des données, il est ressorti que la plupart des exploitations participantes se trouvaient dans le canton de Berne (21 %), puis dans les cantons de Lucerne, de Saint-Gall et d’Argovie (tous avec 11 %). La part des autres cantons était comprise entre 0,4 et 8 %, Bâle-Ville, Nidwald et le Tessin n’étant pas représentés. Globalement, 63 % des personnes interrogées géraient leur exploitation selon un mode de production intégré, 23 % selon un mode de production biologique et 14 % selon un mode de production conventionnel.
Avec une taille de troupeau moyenne de 38 vaches laitières (de 4 à 150), la taille des exploitations laitières participantes dépassait la moyenne suisse de 25,8 vaches par exploitation (source: OFAG, données production laitière 2017). La production laitière des troupeaux a été chiffrée, par 46 % des personnes interrogées, entre 7000 et 9000 kg par vache et par an; 40 % ont mentionné une production laitière de 5000 à 7000 kg pour leurs vaches. Les races détenues le plus fréquemment sur les exploitations étaient les suivantes: Swiss Fleckvieh, race Brune et Holstein Friesian.
Presque toutes les exploitations laitières qui ont participé à l’enquête (92 %) disposaient d’un accès au pâturage pour les vaches. 32 % des vaches des exploitations pâturaient la journée entière et 20 % environ 6 à 8 heures par jour. 39 % des personnes interrogées ont indiqué déplacer la mise en pâture vers la période nocturne pendant les mois d’été.
Stress dû à la chaleur: un thème important pour les exploitations laitières
La partie suivante de l’enquête, qui portait sur les évaluations et les expériences enregistrées dans la pratique par rapport aux impacts climatiques, a clairement mis en évidence dès le début l’importance de la thématique pour les exploitations laitières.
Ainsi, la majeure partie des personnes interrogées a qualifié le stress dû à la chaleur chez les vaches laitières en Suisse de problème plutôt important (39 %) voire très important (36 %). Par ailleurs, les participants ont indiqué qu’en Suisse les vaches laitières sont: très souvent exposées à ce stress (17 %), souvent (42 %) ou parfois (34 %). Seules 6 % des personnes interrogées ont classé la fréquence du stress dû à la chaleur comme «rare» et 0,4 % «inexistante».
D’après les estimations des participants, le stress dû à la chaleur a un impact sur le bien-être des vaches, l’ingestion, l’activité et la performance laitière des animaux. Ses effets sur la santé animale et le système immunitaire ont été jugés légèrement moins importants. Les paramètres climatiques température et humidité de l’air ont été cités comme étant les principaux déclencheurs de ce type de stress.
Des mesures de refroidissement sont utilisées
Près de trois quarts des participant ont déclaré qu’il est plutôt facile (53 %) ou très facile (20%) de reconnaître le stress dû à la chaleur chez les vaches laitières; 78 % des personnes interrogées ont indiqué avoir constaté au moins une fois des signes de stress dû à la chaleur chez leurs propres vaches l’été dernier. Avec 53 %, la plupart des personnes interrogées a évalué à 25°C la température environnementale en tant que seuil pour le déclenchement du stress. 18 % des participants ont cité 20°C ou 30°C en tant que seuil, et les autres, les moins nombreux, 18°C et 16°C.
Pour reconnaître la présence de stress dû à la chaleur chez les vaches, c’est l’apparition du halètement qui a été le plus souvent citée; plusieurs personnes interrogées ont aussi mentionné la recherche d’ombre, une ingestion moindre et une performance laitière moins élevée comme critères d’identification.
Afin de réduire le stress chez les vaches, près d’un tiers des participants a dit prendre des mesures à partir d’une certaine température ambiante, un autre tiers à indiqué utiliser les systèmes refroidissements quand, à son avis, «il semble qu’il fasse trop chaud». Les mesures les plus utilisées sont: ventilateurs (61 %), garde des vaches à l’étable pendant la période la plus chaude de la journée (54 %) ou toute la journée (52 %), une augmentation du nombre d’endroits ombragés (27 %) et l’utilisation de pulvérisateurs (26 %). Seules 5 % des personnes interrogées n’utilisent aucune mesure de refroidissement.
Pour enregistrer les conditions climatiques régnant dans les exploitations laitières, 37 % des personnes interrogées utilisent un thermomètre ou une station météo, la majeure partie des participants (56 %) a toutefois indiqué mesurer les conditions climatiques en fonction du «ressenti personnel».
Outre l’intérêt rencontré en général par rapport à l’enquête, les chercheurs informent enfin que 97 participants sont disposés à collaborer à une enquête pratique qui aura lieu cet été.
(Plus d’information: Johanna Besier, Koordinatorin Tiere, Agroscope: 058 461 81 02)
AGIR/SP