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Une huile essentielle d’origan utilisée en fumigation continue pour lutter contre le mildiou de la vigne
Les pesticides synthétiques appliqués en viticulture représentent une quantité relativement élevée par rapport aux autres cultures, en raison de la grande sensibilité de la vigne aux champignons pathogènes. Aussi, pour réduire les fongicides afin de promouvoir des écosystèmes viticoles durables et répondre aux demandes des consommateurs, les chercheurs travaillent sur les huiles essentielles végétales qui comptent parmi les produits phytopharmaceutiques naturels les plus puissants. Ces substances ont déjà démontré leurs propriétés antifongiques contre différentes maladies des plantes. Mais, explique le communiqué publié aujourd’hui par Changins, les performances dépendent toutefois fortement du moment et de la méthode d'application. Par ailleurs, les mécanismes moléculaires, à l’origine de leur efficacité sont loin d'être compris.
L’étude menée par la Haute école de Changins et l’HEPIA, et qui a fait l'objet d'une récente publication dans le journal scientifique PLoS ONE, visait alors à contourner les inconvénients de l’application directe d’huile essentielle et de déterminer d’une part si une fumigation continue pouvait contrôler le mildiou et d’autre part à décrypter les mécanismes moléculaires impliqués dans l’efficacité des huiles essentielles contre les agents pathogènes, expliquent les spécialistes.
Les expériences ont été conduites sur le cépage Chasselas qui est particulièrement sensible au mildiou. Alors que des boutures ont été infectées par le mildiou et exposées à une fumigation continue de différentes huiles essentielles, les chercheurs ont pu démontrer pour la première fois que le traitement à la vapeur d’huile essentielle d’origan au cours des premières 24 heures post-infection est capable de réduire le développement du mildiou de 95%, détaille le communiqué.
L’analyse (par séquençage des ARN messagers) des boutures traitées avec des huiles essentielles a montré sans ambiguïté que le traitement a déclenché de nombreux mécanismes de résistance de la vigne qui sont très probablement à l’origine de l’efficacité du traitement, notent les spécialistes. «Pour la première fois une étude transcriptomique montre l’effet d’une huile essentielle sur l’expression de dizaines de gènes du système immunitaire de la vigne.» Ces résultats, concluent les chercheurs, «revêtent une importance majeure pour la production et la recherche sur les biopesticides, les produits de stimulation des plantes ainsi que pour les stratégies de sélection par résistance».
AGIR/SP