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Connaître le mode de transport des aliments: divergences notables
23.01.2024 – L'obligation de déclarer le mode de transport des produits frais ne fait de loin pas l'unanimité. Les partis de droite et les détaillants critiquent cette nouvelle obligation. Les organisations environnementales voudraient aller encore plus loin.
Le projet demande que le mode de transport soit déclaré pour les denrées alimentaires fraîches importées en Suisse. En particulier la viande, le poisson, les fruits ou les légumes. Le devoir de déclaration concerne surtout le transport aérien vers la Suisse.
Le but de cette initiative parlementaire, lancée par la conseillère nationale Christine Badertscher (Vert-e-s/BE), vise à accroître la transparence, sachant que le transport par voie aérienne a une empreinte écologique considérable. Déjà au stade des commissions compétentes, le projet a passé sur des scores serrés.
Inutile et cher
La consultation menée jusqu'à lundi confirme les divergences. Les partis de droite rejettent cette obligation de déclarer le mode de transport sur les étiquettes. Les indications actuelles sur la provenance des produits laissent déjà deviner le mode transport.
Compléter les informations entraînerait des complications et des coûts qui se répercuteront sur le consommateur. Et comment procéder pour des denrées arrivées en avion en Europe, puis transportées par camions en Suisse, s'interroge l'UDC. Un tel étiquetage pourrait en outre être incompatible avec les règles de l'OMC.
Si la révision de loi devait passer, le PLR et l'UDC demandent qu'elle ne concerne que les produits importés directement en Suisse par avion, alors que la formulation proposée a volontairement été laissée ouverte pour qu'elle puisse aussi s'appliquer à d'autres moyens de transport.
A l'opposé, le PS et les Vert-e-s saluent le projet. La transparence sur l'empreinte écologique d'un produit constitue une incitation importante pour un comportement d'achat plus durable, relève le PS. Mais il ne suffit pas de se limiter aux denrées alimentaires et aux transports aériens, une extension à tous les produits de consommation et à tous les modes de transport s'impose.
Seules des chaînes d'approvisionnement transparentes permettent de prendre une décision d'achat en connaissance de cause, renchérissent les Vert-e-s, pour qui la réglementation est compatible avec les obligations de l'OMC. D'autres mesures sont toutefois nécessaires. L'obligation de déclarer devrait être étendue à toutes les voies de transport et l'empreinte écologique totale devrait être déclarée.
Magasins et Gastrosuisse contre
Les associations de branche ne sont pas non plus d'accord avec cette nouvelle obligation par exemple pour les bananes, papayes ou viande de boeuf de Kobe. Pour Gastrosuisse, elle induirait les consommateurs en erreur, car elle ne concernerait pas les denrées qui arrivent par voie terrestre ou maritime depuis des aéroports étrangers.
La Communauté d'intérêt du commerce de détail suisse, qui représente Coop, Migros et Denner, abonde dans le même sens: les fournisseurs suisses pourraient être tentés de délocaliser leurs services dans d'autres pays afin d'éviter l'obligation de déclarer, de fausses incitations à éviter à tout prix.
Gastrosuisse, tout comme Biscosuisse et Chocosuisse, redoutent un surcroît de travail. En revanche, "l'utilité du point de vue écologique ne peut pas être clairement établie et le fait de sefocaliser sur le seul bilan climatique d'un produit alimentaire est discutable".
Paysans pour
Sans surprise, l'Alliance-Environnement, regroupant Greenpeace, Pro Natura, l'ATE et le WWF, ainsi que la Fondation pour la protection des consommateurs, sont pour cette déclaration obligatoire. Elles regrettent cependant que cette réglementation soit limitée aux produits frais. Il faudrait selon ces organisations une déclaration de l'empreinte écologique complète, calculée à l'aide d'un système uniforme pour tous les produits de consommation.
Le transport aérien devrait en outre être déclaré même si le produit arrive en Suisse par voie terrestre. L'information sur le transport aérien doit en outre être facilement visible sur les étiquettes des produits. Et la gastronomie devrait être incluse dans l'obligation de déclaration.
L'Union suisse des paysans se prononce également en faveur d'une déclaration obligatoire. Seule la transparence permettra aux consommateurs d'effectuer leurs achats alimentaires de manière plus durable.
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)