Main Content
Contrôle du blé par l’Etat islamique
03.08.2015 – L’El a pris pied dans les grandes régions céréalières de Syrie et d'Irak.
(ATS/AGIR) - Source de revenus et moyen de renforcer son emprise sur les populations, le contrôle du blé est crucial dans la stratégie d'implantation de l'Etat Islamique (EI, Daech en arabe). Le groupe extrémiste sunnite a pris pied dans les grandes régions céréalières de Syrie et d'Irak. La présence territoriale de l'EI "se superpose" avec les "greniers à céréales" de la région, soit le nord de l'Irak et le nord-est de la Syrie, souligne Sébastien Abis, chercheur à l'institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et auteur de la "Géopolitique du blé" (Ed. Armand Colin). Comme dans tout le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, le pain représente la base de l'alimentation en Irak et en Syrie, qui doivent importer du blé en plus de leur production nationale. L'opportunité n'a pas échappé aux djihadistes. D'une part, "ils ont transporté beaucoup de blé d'Irak en Syrie pour le transformer en farine et le revendre" et, d'autre part, comme avec le pétrole, ils se sont mis à le vendre en dehors de leur zone d'influence, en particulier "à travers la frontière turque", relate Jean-Charles Brisard, spécialiste du financement du terrorisme. Mais à terme, la guerre fait "peser une véritable menace sur la sécurité alimentaire dans la région", prévient Sébastien Abis. Les combats détruisent les cultures, abîment les sols et éloignent la main- d'œuvre nécessaire aux travaux des champs, rappelle le chercheur. Près de dix millions de Syriens souffrent d'insécurité alimentaire, soit pratiquement la moitié de la population, ont annoncé récemment les Nations unies. "Le secteur agricole syrien est anéanti par le conflit. Une aide d'urgence des donateurs est nécessaire pour veiller à ce que les agriculteurs puissent affronter la prochaine campagne de semis de céréales qui démarrera en octobre", expliquait alors un responsable de la FAO, l'agence des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation. La question agricole pourrait donc aussi "se retourner contre Daech à moyen terme. Comment va-t-il faire si les récoltes se dégradent encore plus?" interroge Sébastien Abis.
Auteur : ATS/AGIR
