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Le barrage d'Emosson (VS) ou 50 ans "d'ingéniosité hydroélectrique"
18.09.2025 – En Valais, le complexe Electricité d'Emosson fête jeudi les 50 ans de la mise en service de ses installations hydroélectriques franco-suisses. Une cérémonie officielle a réuni les autorités des deux pays sur le barrage qui surplombe le lac d'Emosson, à Finhaut (VS).
"Nos prédécesseurs ont fait preuve d'une grande ingéniosité, a déclaré Amédée Murisier, président du conseil d'administration d'Electricité d'Emosson. Aujourd'hui, nous célébrons un patrimoine vivant."
Dans cette région où "le Mont Blanc se la pète" pour reprendre la formule de l'humoriste Vincent Veillon qui a animé la cérémonie, une page fondamentale de l'histoire hydroélectrique s'écrit depuis trois générations.
Depuis ses débuts, l'aménagement hydroélectrique, "qui se joue des frontières", a produit plus de 40 kilowattheures d'électricité renouvelable. Le barrage d'Emosson est ainsi un véritable "pilier du système énergétique suisse", a déclaré Benoît Revaz, directeur de l'Office fédéral de l'énergie (OFEV).
Avec sa capacité de stockage de 225 millions de m3 d'eau, le complexe est la deuxième plus grande retenue de Suisse, après la Grande Dixence (capacité de 400 milions de m3).
Eau turbinée deux fois
Mais "remplir le lac d'Emosson a été un grand défi de l'époque" durant "l'épopée des barrages" qui s'est jouée entre les années 50 et 70, a rappelé Amédée Murisier. Un défi qui a fédéré plusieurs communes de part et d'autre de la frontière et qui a aussi amené une population de travailleurs venus de plus loin.
Les eaux du massif du Mont Blanc qui alimentent le lac situé à 1930 mètres d'altitude sont captées par onze prises d'eau et trois collecteurs. Acheminée par quelque 50 kilomètres de galeries, l'eau est successivement turbinée à la centrale de Vallorcine, près de Chamonix-Mont-Blanc en France, puis en Suisse à la centrale de la Bâtiaz à Martigny (VS).
L'électricité qui y est produite est entièrement mise à disposition d'Alpiq, fournisseur majeur de services énergétiques en Suisse. A noter que la société suisse et la française EDF sont propriétaires d'Electricité d'Emosson SA à parts égales, à hauteur de 50% chacun.
Nouveaux défis majeurs
Aujourd'hui, le complexe est face à un "nouveau tournant", a relevé Benoît Revaz, qui a souligné les défis climatiques majeurs avec lequels la Suisse doit composer, toujours "en collaboration avec ses voisins." Il s'agit ainsi de faire prospérer le développement de l'aménagement.
Vidangé et révisé en 2012, le barrage d'Emosson doit être surélevé de 10 mètres. Ce projet s'inscrit dans l'extension de la production hydroélectrique hivernale chapeautée par la Confédération. Quelque 116 millions de kilowattheures supplémentaires devraient ainsi pouvoir être stockés pour l'hiver. Cela va "renforcer la sécurité de notre approvisionnement hivernal", a relevé le directeur de l'OFEV.
L'affaire de plusieurs communes
S'il est situé sur la commune de Finhaut (VS) dans la Vallée du Trient, le barrage d'Emosson et ses aménagements touchent cinq autres communes helvétiques concédantes: Salvan, Martigny, Martigny-Combe, Trient et Vernayaz. Du côté français, la commune de Vallorcine joue un rôle clé dans l'exploitation.
Le barrage du Vieux-Emosson, "grand frère" du premier, a vu le jour vingt ans juste à côté. Leur "petite soeur", la centrale de pompage-turbinage du Nant de Drance, est située entre les deux lacs, et vient compléter le tableau d'aménagements hydroélectriques d'importance de la vallée.
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)
