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Les articles d'AGIR
30 ans mais en perte de… maîtrises
« Tous les buts inscrits dans nos statuts ont été plus qu’atteints au cours des trois décennies passées. Mais cela ne doit pas nous faire oublier que nous enregistrons une baisse d’intérêt pour notre maîtrise dont la valeur est pourtant largement reconnue dans le milieu. Un défi de taille car il touche à l’existence même de notre association », a souligné Jean-François Crausaz, président de l’Association des maîtres cavistes de Suisse romande lors de l’énoncé de son rapport annuel.
Voilà trente ans, les maîtres cavistes ont souhaité s’unir pour mieux défendre leurs intérêts et avoir plus de poids dans un monde vitivinicole en constante évolution. Depuis les premières maîtrises délivrées en 1982, l’association s’est constamment développée tant en nombre – elle compte 59 membres en 2013 – que par les activités qu’elle propose : voyages d’étude ou journées techniques visant à compléter la formation des maîtres. Soutenant également la relève, l’association est en charge de l’organisation des remises des maîtrises en collaboration avec AGORA.
Effectifs stagnants
Problème, la source qui amenait un ou deux nouveaux maîtres par année s’est tarie : aucun diplômé n’a été enregistré en 2013. Les derniers en date, Sébastien Schwarz, Gilles Pilloud et Yann Bonvin ont obtenu leur maîtrise en 2012. « Nous sommes confrontés à un vieillissement progressif de nos membres et la relève est faible », déplore le président de l’AMCSR. Il rappelle cependant que si la situation est préoccupante, elle n’est pas dramatique : « Nous avons une belle présence des cavistes en filière CFC à Marcelin ». Mais, si les 29 apprentis en formation garantissent l’existence de la profession de caviste, rien ne laisse présager que ces jeunes poursuivront jusqu’à la maîtrise…
Formation longue
La formation de caviste débute par un CFC de trois ans, deux si le jeune est déjà au bénéfice d’un autre CFC. Cette première étape permettra aux apprentis de comprendre et maîtriser toutes les étapes de l’élaboration des vins. Une fois conclue, il est possible de poursuivre par le brevet fédéral. Une formation qui nécessite une pratique préalable de 24 mois en entreprise. Cette nouvelle étape vise à approfondir toutes les notions techniques relatives à la pratique du métier de caviste. La maîtrise propose, quant à elle, de découvrir la dimension de management global de l’entreprise du point de vue social, avec la gestion des ressources humaines, et de la gestion financière de l’entreprise.
Réorganisation
Si, à l’époque, le brevet et la maîtrise pouvaient se faire en cinq ans, la nouvelle mouture de la formation, qui démarre dès cet automne, devrait permettre aux jeunes motivés de la boucler en trois. De plus, la gestion d’entreprise a été renforcée au brevet. Un aspect qui pourrait faire passer la maîtrise pour superflue ? « Avec un cursus plus court et la suppression de l’âge minimal d’entrée de 25 ans, les jeunes issus de la filière brevet seront plus tentés d’enchaîner directement sur la maîtrise et c’est un plus pour cette formation », précise Loïc Bardet, en charge de la formation chez AGORA. Un sentiment que partage Jean-François Crausaz : « A la rentrée 2014, la maîtrise ne durera plus qu’une année mais sans perte de qualité, ce qui devrait encourager les plus motivés ! ».
Une forte pression
« Le maître caviste n’a pas forcément sa propre exploitation à gérer », rappelle le président de l’AMCSR. « Il travaille plus fréquemment comme électron libre dans de grandes structures comme des coopératives viticoles. Cette indépendance peut représenter un atout comme un handicap. En effet, les places sont rares dans ce type de structures ». Autre point, le maître caviste peut être très sollicité pour assurer la formation des jeunes en filière brevet et avec la diminution du nombre de maîtres diplômés, ce besoin en formateur se fait de plus en plus sentir. Une problématique qui touche également les maîtres viticulteurs qui verraient d’un bon œil le rapprochement des deux associations afin de développer les synergies déjà en place. « La diminution progressive de nos effectifs en raison de son faible renouvellement, nous oblige à envisager de nouvelles voies pour permettre une aussi bonne défense de nos intérêts que possible et une valorisation efficace de notre filière d’étude », conclut Jean-François Crausaz.
AGIR
ENCADRÉ
Comment vous positionnez-vous vis-à-vis de la formation de maître caviste ?
Charles Bovy, 65 ans, maître caviste depuis 1982, membre du premier comité de l’AMCSR et retraité
« Avec la maîtrise, j’ai obtenu une vision plus globale de mon métier. Je suis passé de technicien à entrepreneur, ce qui m’a permis de « lever le nez » et d’avoir des contacts humains constructifs et chaleureux. Cette formation représente également une grande valeur pour le développement personnel de ses capacités. Je ne regrette pas !
Charles Menthonnex, 25 ans et président de l’Union des cavistes, un groupe de professionnels de la région
« J’ai la chance d’avoir une bonne situation au sein de l’entreprise « Œnologie à façon » à Perroy (VD). Avec mon seul CFC de caviste en poche, je travaille déjà de manière très autonome et cela me convient. Le brevet et la maîtrise sont utiles si l’on souhaite se tourner vers l’enseignement, une voie à laquelle je n’aspire pas pour l’instant ».
Tristan Perey, 22 ans, en possession d’un CFC de caviste (2010) et de viticulteur (2012)
« La perspective de reprendre le domaine familial a motivé mon choix de poursuivre le cursus par le brevet et peut-être la maîtrise. Je travaille avec mon père et mes deux sœurs. L’une d’elles va d’ailleurs commencer sa maîtrise. Pour assumer le bon fonctionnement de l’entreprise, la maîtrise des outils de gestion est donc indispensable !
