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Les articles d'AGIR
Commémoration du 50e anniversaire de la mort d’Ernst Laur
C’est un Lundi de Pentecôte – tout un symbole ! – qu’une assemblée réunissant 281 délégués du monde agricole a décidé de fonder, le 17 juin 1897, l’Union suisse des paysans (USP). Chose extraordinaire, c’est Ernst Ferdinand Laur, 27 ans, alors enseignant dans une école d'agriculture, qui se voit confier par le comité les fonctions de Secrétaire agricole suisse. Bien sûr, certains ont émis des doutes exprimés en raison du jeune âge du candidat. Mais ces réticences ont été balayées en trois mots par le tout nouveau président Johann Jenny, conseiller national : « Il mûrit chaque jour » ! Autre signe singulier, c’est sur l’injonction de son épouse que le jeune Laur met une condition : il ne pourra exercer cette fonction que si l’Union installe son secrétariat en Argovie. En effet, Sophie Laur exclut de quitter sa ville natale… Mais comme l’USP veut ouvrir son bureau dans la Berne fédérale, on autorise la famille Laur à vivre à Brougg et, en 1901, le comité approuve le déménagement définitif du bureau du secrétaire à Brougg et les statuts seront modifiés en conséquence.
Moderne et intrépide !
Pas d’argent mais beaucoup de problèmes : « Le travail à l'Union fut une lutte dès la première heure », écrira Ernst Laur dans ses mémoires. Parmi ses fonctions, il devait mener des recherches sur la rentabilité et formuler des propositions destinées à encourager l’exercice de la profession agricole, soit des tâches encore d’actualité… Côté modernité, il n’était décidément pas en reste puisqu’il a conçu un système de comptabilité simplifié, comprenant une délimitation entre exploitation agricole et ménage agricole, son souhait étant d’apprendre aux paysans à devenir des entrepreneurs ! Mais le secrétaire de l’USP était aussi intrépide : en 1899, il rejette la Loi sur l’assurance maladie et accidents - que le comité de l’Union avait pourtant approuvée -, car il trouvait injuste que les petits paysans soient exclus de cette assurance. Il a ainsi gagné leur confiance et remportera la votation du
20 mai 1900.
Pas de temps à perdre en réunion !
Durant la Première Guerre mondiale, Ernst Laur s’est engagé pour des prix équitables et pour l’approvisionnement de la population et de l’armée. A ce sujet, l’historien Werner Baumann écrira: « En 1914, Laur passa six semaines à conclure des accords avec les alliés et les adversaires de Berne, sans jamais consulter la direction de l'Union, ni convoquer la moindre réunion. » Aujourd’hui, on dirait de lui que c’est un manager dynamique possédant une grande capacité d’anticipation ! A noter cependant qu’il veillait aussi à ce que ses décisions génèrent des avantages pour tous.
Inscrit dans le marbre
En 1939, à l’âge de 68 ans, Ernst Laur se retire de ses fonctions de Secrétaire agricole suisse, tout en restant très engagé en faveur de l’agriculture. Ainsi, Ernst Laur s’est engagé pour que, le 6 juillet 1947, le peuple suisse accepte un article constitutionnel sur l'économie, lequel consacrait - pour la première fois dans la Constitution - les principes d’une paysannerie solide, d’une agriculture performante et de la consolidation de la propriété foncière rurale. Une année plus tard, l’ex-secrétaire de l’USP devient le premier président de la Confédération Européenne de l’Agriculture, fondée à Brougg en 1948. En 1951, la rue menant du Musée Vindonissa à la Maison du paysan suisse est rebaptisée « Laurstrasse ». Dix ans plus tard, le 27 mars, un buste en bronze à son effigie est installé à l’entrée de la Maison du paysan suisse à Brougg à l’occasion du 90e anniversaire d’Ernst Laur. Le 30 mai, à l'âge vénérable de 93 ans, Ernst Laur décède à son domicile d'Effingen en Argovie.
Portrait et parcours
Ferdinand Laur, le grand-père paternel d’Ernst Laur, a immigré en Suisse de Markdorf, dans le sud de l'Allemagne, pour travailler comme enseignant et musicien à Bâle. Son fils, Arnold Laur, était agriculteur et administrateur de l’Hospice général. Ernst Ferdinand Laur est né le 27 mars 1871. Il entre au lycée mais, à l'automne 1886, il s'inscrit à l'Ecole d'agriculture Strickhof à Zurich. Après sa formation, il effectue un stage d’un an et demi dans une exploitation en France, puis dans l’exploitation du domaine de Rheinau dans le canton de Zurich. En 1890, il entame des études à l’EPF de Zurich, d’où il sort diplômé seulement trois ans plus tard. Il devient ensuite gérant de l’ancien domaine agricole du couvent Paradies près de Schaffhouse, puis enseignant à l’Ecole agricole de Brougg en 1894.
AGIR
Sources :
Archives de l’Union suisse des paysans (recherches Sandra Helfenstein/USP)
