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Deux ans après "Mon tracteur à moi", Edy fait son chemin dans l’agriculture
On avait fait la connaissance d’Edy dans un reportage de Passe-moi les jumelles, "Mon tracteur à moi". Ce jeune Genevois de 14 ans, sans aucun lien avec le monde paysan, s’était pris de passion pour l’agriculture lors d’un stage chez Marco Mathieu, à Jussy. Par la suite, l’ado avait continué à se rendre chaque soir sur l’exploitation familiale, participant aux travaux, trouvant sa place au milieu de gens avec qui il se sentait bien.
Le film, réalisé par Sarah Perrig, a séduit le public comme le milieu agricole. Il a reçu le Prix Média 2025 de l’Union suisse des paysans pour la Suisse romande, saluant ainsi une histoire portée par un jeune citadin qui découvre et s’attache à un monde qu’il ne connaissait pas.
La découverte du métier
Aujourd’hui, que reste-t-il de cette passion? Nous avons rencontré Edy, chez lui, dans la cuisine familiale, deux ans après le tournage. À 16 ans, il vient tout juste d’entamer sa première année d’apprentissage d’agriculteur: "J’ai commencé en août", explique-t-il. À la fin du Cycle d’orientation, il avait la possibilité de poursuivre au collège, mais a préféré la voie professionnelle. "Certains n’ont pas compris ce choix. Mais pour moi, c’était une évidence."
Le jeune homme travaille désormais sur le domaine du Château-du-Crest, à Jussy, toujours aux côtés de Marco Mathieu, qui est devenu son maître d’apprentissage. Cette première année lui permet de découvrir le métier sous un angle plus structuré: les cultures, les soins aux porcs du domaine, les travaux saisonniers, mais aussi les cours professionnels sur le site de Marcelin, à Morges, qui complètent la pratique. Le jeune homme apprécie particulièrement les aspects liés aux plantes et à la compréhension de leur développement, une dimension qu’il n’avait que peu touchée avant son entrée en formation.
Son premier bilan, après quelques mois? "Cela correspond à ce que j’imaginais, mais c’est un métier qui est dur… Ici, au Château-du-Crest, ça ne l’est pas trop, mais dans les grandes exploitations dans le canton de Vaud, c’est autre chose. Tu te lèves souvent à 4h30, puis tu finis à 20h, avec trois jours de congé toutes les deux semaines… C’est un métier qui demande beaucoup de temps, et d’implication. J’ai beaucoup de respect pour tous les agriculteurs, les gens ne se rendent pas compte de ce que c'est..."
Intérêt grandissant pour la mécanique
Un autre aspect prend aussi de plus en plus d'importance dans les découvertes professionnelles d’Edy: la mécanique. Elle faisait partie de son intérêt initial pour la ferme, et se précise. D'autant que, petit déjà, il aimait aller regarder les machines agricoles tourner dans les champs. Aujourd'hui, le domaine du Château-du-Crest lui offre la possibilité d’y toucher concrètement. "On travaille pas mal sur les machines et ça me plait bien. La mécanique agricole ou les poids lourds, c’est donc quelque chose que j’aimerais peut-être découvrir davantage", dit-il. D'ailleurs, il se renseigne actuellement sur les places d’apprentissage disponibles dans ce secteur. Mais quoiqu’il en soit, il entend aller jusqu’au bout de sa première année d'apprentissage agricole.
De fait, à 16 ans, Edy reste au tout début de son parcours, en se donnant le droit de chercher, d’explorer, de comprendre ce qui lui correspond réellement. Son apprentissage lui montre qu’une passion découverte dans un cadre familial ne se confond pas toujours avec le rythme d’un métier, et que la réalité d’une grande exploitation peut être différente de celle qu’il avait connue lors de son stage scolaire et des mois qui ont suivis. "Le problème ne vient pas du tout des horaires, assure-t-il. Mais je me rend compte que ma passion, c’était de conduire les tracteurs, de passer du temps avec les gens de la ferme, de travailler avec eux. Mais pas forcément de faire ça comme si j’étais un employé. Maintenant, ce n’est plus la même chose."
Lorsqu’il est sorti du Cycle d’orientation, l'ado ne s’était d’ailleurs posé aucune question: son contrat d’apprentissage était signé avant même la fin de l’école. Aujourd’hui, il avance avec davantage de recul, conscient qu’il a encore du temps pour préciser la direction qu’il souhaite donner à son avenir.
Pascale Bieri/AGIR
