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Il faut relancer la consommation de viande de porc!
Le marché des porcs de boucherie livrés à l’abattoir, plutôt réjouissant durant la première moitié de l’année 2014, s’est effondré durant l’été, a rappelé René Eicher lors de l’assemblée générale de la section romande de Suisseporcs. Cette situation catastrophique pour les éleveurs, a précisé le président, a été provoquée par un engorgement du marché. La hausse de la production conjuguée à la saison des grillades gâchée par une météo calamiteuse a en effet abouti à l’effritement des prix payés aux producteurs. Ces derniers ont passé de 4,30 francs le kilo à 3,20 francs pour le porc d’étal. Et la situation ne s’est pas arrangée au cours des mois suivants car les grands distributeurs n’ont pas pu écouler les stocks de viande accumulés, ce qui a eu pour conséquence de bloquer les nouvelles commandes auprès des producteurs. Les gorets sont donc restés dans les porcheries plus longtemps que d’habitude et ont continué à grossir pendant ce temps. La viande, de ce fait plus grasse, s’est vendue à vil prix, ne dépassant parfois pas 1,70 franc le kilo pour les truies de réforme. Afin de débloquer un peu le marché, les producteurs avaient tenté à cette époque de proposer à leurs distributeurs de lancer quelques actions directes mais sans résultats probants, a constaté René Eicher.
Moins de gorets
De son côté, Felix Grob a annoncé que cette année encore, l’environnement du marché restera difficile et tendu pour les éleveurs. Le directeur de l’organisation faîtière précise que le prix au kilo du porc gras a été fixé à 3,50 francs, avec l’objectif d’atteindre la barre des 4 francs, celui des gorets à 6,80 francs le kilo. Quant aux truies de boucheries elles se négocient à 2 francs le kilo. Il a également rappelé qu’en 2014, plus de 3'000 tonnes de viande de porcs ont été importées, ce qui contribue encore à fragiliser le marché suisse. La tendance pour la production cette année est de stabiliser la situation en freinant un peu le nombre de gorets à l’engraissement. En contrôlant les premières inséminations, cela permet d’avoir une première estimation du nombre de porcelets sur le marché. Avec ses éleveurs, ses engraisseurs, ses engraisseurs éleveurs, ses naisseurs engraisseurs, sans oublier la génétique, «le monde du porc est très complexe», rappelle René Eicher.
Repositionner la viande de porc
Autre gros sujet de préoccupation pour la filière porcine, la diminution de l’attrait des consommateurs pour la viande de porc: la consommation annuelle par habitant a progressivement diminué depuis les années 1980, passant de 33,5 kg à 23,46 kg en 2014. Plusieurs mesures ont été arrêtées pour inverser cette tendance. Pour commencer, «chaque producteur doit être l’ambassadeur de son produit», a rappelé Felix Grob. Cela passe notamment par un élevage qualitatif des animaux, respectueux de leur bien-être, de leur santé, et transparent aux yeux du grand public.
Mais il faut aussi que tous les acteurs de la filière, de la production à la consommation, fassent des efforts au niveau de la valorisation et de la promotion de la viande de porc. Des contacts seront pris dans ce sens par les responsables de Suisseporcs auprès des grands distributeurs comme Coop ou Migros et de différents partenaires comme GastroSuisse.
Le projet Suis Sano
Afin de garantir aux consommateurs un élevage de porcs suisses de qualité, les membres de Suisseporcs ont également mis en route un projet d’envergure nationale: Suis Sano. Ce programme vise à réduire l’utilisation des antibiotiques dans la production porcine et à en garantir la traçabilité; le tout sous la surveillance régulière d’un vétérinaire spécialisé. Financé essentiellement par SUISAG (Centre de prestation pour la production porcine), il a été présenté à l’assemblée par le président de Suisseporcs, Meinrad Pfister et par le Dr vét. Patricia Scheer responsable du Service sanitaire porcin (SSP) pour la région Berne et Suisse romande. Chaque éleveur peut participer à ce programme, a précisé Patricia Scheer qui a expliqué que 36 exploitations sont d’ores et déjà impliquées dans la phase pilote. Si tout se passe comme prévu, il pourra officiellement entrer en application en 2016.
En garantissant l’utilisation minimale des antibiotiques dans les élevages suisses, en améliorant encore le niveau de santé des animaux et la traçabilité le long de toute la chaîne de production, Suis Sano apportera une nouvelle valeur ajoutée à la viande de porc. Ce programme, a conclu Meinrad Pfister, contribuera fortement à repositionner le porc suisse sur le marché et à renforcer la confiance du consommateur.
«Il faut se souvenir que le porc est une viande de vieille tradition, c’était les protéines de base des familles du Moyen Age…», rappelle René Eicher.
AGIR
