C'est avec une certaine gravité que le président Bernard Leuenberger a ouvert la partie statutaire de l’assemblée générale de la Chambre d’Agriculture du Jura bernois (CAJB), en fin de semaine dernière à Sonvilier. Il a en effet exprimé ses vives inquiétudes quant à l’avenir des producteurs de lait de sa région. Après un début d’année 2014 caractérisée par des prix satisfaisants, le kilo de lait industriel n’a pas cessé de chuter, passant de 64 cts en juillet à 57 cts en fin d’année dernière. Suite à l’abandon du taux plancher de l’euro, qui prétérite gravement les exportations, le kilo a encore perdu 3 cts au 1^er février de cette année. Le secteur fromager étant également touché, Bernard Leuenberger s’interroge: alors que les contraintes ne cessent d’augmenter, il se demande à quoi sert la segmentation, « car si elle était appliquée, le prix du lait A n’aurait pas dû descendre puisqu’il est destiné principalement à la consommation indigène et, face à cette situation, bon nombre d’agriculteurs réfléchissent s’ils veulent continuer ou non à traire ». Et le rapport de Frédy Allemann, responsable du secteur lait (MIBA) n’a guère rassuré puisqu’il a souligné qu’aucune embellie n’est à attendre à court terme pour le marché suisse car, à l’avenir, «le prix du lait au niveau national sera de plus en plus fortement influencé par la conjoncture internationale».

Pour élargir le débat et ouvrir une large discussion afin d’y voir plus clair, Hanspeter Kern et Daniel Koller, respectivement président et secrétaire romand de la Fédération des Producteurs suisses de lait (FPSL), ont tenu une conférence à l’issue de la partie statutaire. Ils ont analysé la situation actuelle et se sont largement exprimés sur les perspectives d’avenir de la production laitière.

Rapport d’activité
Au sujet des statistiques annuelles, Annemarie Hämmerli a précisé qu’en 2014, le Jura bernois recensait 576 exploitations agricoles touchant des paiements directs (583 en 2013). La SAU (surface agricole utile) a en revanche légèrement augmenté, passant de 17'797 ha en 2013 à 17'889 ha l’année dernière.
Dans son rapport, la secrétaire générale a évoqué la météo capricieuse qui a caractérisé l’année écoulée. Elle a rappelé que si les foins ont, dans l’ensemble, été de bonne qualité, il n’en a pas été de même pour les regains qui ont souffert de l’humidité. Finalement, elle a rappelé que, grâce à un automne souriant, «céréales et pommes de terre ont donné de bons rendements».

Marché de la viande
Pour le menu bétail, et malgré une année 2014 très humide qui a aussi causé bien des dégâts chez les bêtes qui ont souffert d’infestations de parasites et d’infections aux onglons, le prix moyen des agneaux a finalement été jugé bon. Le responsable du secteur, Ronald Sommer a mentionné dans son rapport que de plus en plus d’exploitations suisses se reconvertissaient aux chèvres ou brebis laitières. Une augmentation, a-t-il cependant constaté, qui n’est pas sans incidence sur le prix du lait: entre 2008 et 2014, certains acheteurs ont baissé leur prix jusqu’à 30 cm par litre, voire même parfois jusqu’à 50 cm, pour le lait de brebis.
En ce qui concerne le bétail de rente, le prix a été qualifié de bon et de stable durant toute l’année 2014 par Olivier Chatelain. Le responsable du secteur a précisé que l’auto approvisionnement suisse de la viande bovine se maintient à 70%, depuis les années 1970 tout en avertissant qu’il risque de baisser à l’avenir en raison de l’extensification de la production.

Politique agricole
La prime à la qualité du paysage a demandé beaucoup d’investissement de la part de la CAJB. Cette nouvelle contribution, qui fait désormais partie de la politique agricole, a connu en 2014 sa première année de mise en pratique dans la région du Chasseral. «Ce qui a permis de préparer les bases pour tout le territoire du Jura bernois dès cette année», a souligné le président qui se réjouit que les contributions soient versées pour l’ensemble des surfaces du pâturage boisé et non seulement à la SAU.

En bref
La CAJB a remercié la famille Ganguillet pour son engagement dans le projet «Mon paysan. Ma paysanne» sur facebook. Avec 1300 «j’aime», elle a en effet démontré que sa participation a été appréciée et que le quotidien des agriculteurs du Jura bernois a retenu l’attention du public. La famille Ganguillet a décidé de poursuivre l’expérience en continuant d’alimenter sa page en 2015.
L’assemblée a également chaudement félicité Alexandre Geiser, de Tavannes, le seul candidat de la Fondation rurale interjurassienne (FRI) à s’être hissé en finale du Championnat suisse de la formation SwissSkills à Berne.
Toujours au chapitre des bonnes nouvelles, 1650 convives ont choisi une des sept exploitations du Jura bernois qui ont participé au Brunch à la ferme du 1^er Août pour y déguster les produits du terroir.
Enfin, en guise de conclusion, Bernard Leuenberger a rappelé aux producteurs qu’il fallait continuer à «se serrer les coudes» pour préserver l’avenir de l’agriculture de notre pays. Il a souligné, à ce propos, que la Chambre d’agriculture contribuait activement à la défense professionnelle et qu’elle attachait beaucoup d’importance à la promotion de ses activités et aux relations qu’elle entretient avec ses différents partenaires comme la FRI, la LOBAG, AGORA ou l’USP ainsi qu’avec les autorités.

AGIR

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