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«La déconstruction de l’agriculture doit cesser!»
«En agriculture, il n’y a pas d’année normale», constate Fritz Glauser. Ainsi, en 2016, la météo pluvieuse du printemps a eu des conséquences importantes sur les rendements des grandes cultures mais surtout au niveau de la qualité des récoltes de fourrage grossier. Dès lors, financièrement, cette année «sera difficile pour les exploitations centrées sur la production laitière et les grandes cultures», regrette le président de l’UPF. Aussi, l’estimation des offices de l’agriculture et des statistiques d’une augmentation du revenu agricole de 6% par rapport à 2015 fait grincer des dents le président : « Pour autant qu’elle soit effective, cela permettra juste de compenser la baisse de l’année précédente… et nous nous situons toujours environ un tiers en-dessous du revenu comparable des autres secteurs ».
Production et exploitations
Du côté du directeur, on en vient aux chiffres et aucune amélioration n’est à signaler dans l’évolution de la valeur de la production dans le canton qui est stabilisée à un bas niveau, juste au-dessus de 700 millions de francs. Mais ces chiffres sont provisoires et ils pourraient être revus à la baisse en raison des conditions météo défavorables. Frédéric Ménétrey note aussi, qu’avec moins d’un pourcent, la baisse du nombre d’exploitations est plus faible que les dernières années. Le canton de Fribourg compte 2'910 exploitations, soit 27 de moins en une année. Ainsi, en comparant l’évolution de la valeur de production et la diminution des exploitations, tous types de production confondus, le directeur constate que les deux indicateurs diminuent au fil des ans. Et d’expliquer que, si le premier phénomène peut s’expliquer en tenant compte des améliorations techniques et de la meilleure efficacité du travail, la diminution sur le long terme de la valeur de production provient de la pression constante exercée sur les marchés des produits agricoles. Et Frédéric Ménétrey d’en déduire que les économies d’échelle obtenues par l’agriculture sont trop souvent annulées par une baisse de prix payé au producteur par les acheteurs.
Plus globalement, Frédéric Ménétrey constate que chaque ouverture du marché fragilise un peu plus un équilibre agricole développé de manière adaptée aux conditions de la production suisse très contraignantes et à son contexte économique particulier. En effet, l’agriculture familiale, diversifiée et de proximité, est face à une pression de plus en plus forte et preuve en est que, l’année prochaine, la Suisse comptera près de 800 producteurs de betteraves en moins, que les surfaces de production de céréales sont en chute libre depuis des années, que des structures de production laitières, pourtant considérées comme exemplaires, vendent leurs vaches… « La déconstruction de l’agriculture suisse doit cesser… tous les acteurs doivent donner un prix correct pour pouvoir produire local et consommer local ! », conclut le directeur de l’Union des paysans fribourgeois.
AGIR
