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La défense professionnelle agricole fait le point avec l’OFAG
Des responsables des organisations agricoles, des directeurs des chambres d’agriculture accompagnés de quelques agriculteurs de leur région, des membres de différents comités, des présidentes cantonales de paysannes, bref tout le panel de la défense professionnelle de Suisse romande était à Moudon ce mardi. L’objectif officiel était de sensibiliser l’OFAG à faire les corrections indispensables de la PA 14-17 au niveau des ordonnances d’application.
Sensibilisé, Bernard Lehmann l’a certainement été car les témoignages se sont montrés non seulement concrets mais aussi parfois poignants. A peu près tous les cantons se sont ainsi exprimés par la voix d’un ou de plusieurs représentants de la profession, ce qui a donné une vue d’ensemble des critiques, remarques, exemples personnels. A noter que ce sont surtout des chefs d’exploitation de plaine qui en avaient gros sur le cœur.
De son côté, Bernard Lehmann a fait preuve d’empathie avec son public même si ses explications n’ont pas toujours convaincu les participants, pas plus que les organisateurs. Pour preuve, le bilan qu’en tire Walter Willener, directeur d’AGORA, en répondant à nos questions.
(AGIR) AGORA, en tant qu’organisatrice de la rencontre, avait pour objectif de « sensibiliser l’OFAG à des corrections indispensables au niveau de la PA 14-17 dans les ordonnances d’application ». Cet objectif est-il atteint ?
Oui, les témoignages des agriculteurs ont bien montré les faiblesses et les problèmes de la PA 14-17. La lourdeur et la complexité administratives mais aussi et surtout l’émergence d’une agriculture à deux vitesses en sont des exemples. Aujourd’hui, beaucoup d’agriculteurs se posent la question s’il faut continuer à produire du lait, de la viande ou des céréales ou s’il ne vaut pas mieux miser sur des prestations d’intérêt général, notamment dans le domaine de l’écologie, rémunérées par des paiements directs. On a aussi senti beaucoup d’inquiétudes chez les chefs d’entreprise actuels pour la pérennité de leur exploitation. Bien entendu, la situation des revenus, qui restent très faibles, et le marché laitier actuel contribuent encore aux difficultés économiques du monde paysan. A ce niveau, la PA 14-17 ne laisse guère entrevoir des améliorations.
Les témoignages des agriculteurs présents ont, semble-t-il, touché Bernard Lehmann. Mais les conséquences qu’ils subissent de la politique agricole avaient été dûment annoncées lors de la consultation par la défense professionnelle en général et AGORA en particulier. Comment le ressentez-vous ?
Les organisations agricoles, comme l’USP ou AGORA, les organisations sectorielles, les responsables de l’agriculture dans les cantons ont investi un temps considérable pour analyser et prendre position sur la modification de la loi sur l’agriculture, sur le nouveau système de paiements directs ou sur les ordonnances d’application où nous en sommes déjà au 3ème paquet depuis juillet 2013. Les constats et les incohérences mis en évidence par les intervenants de la rencontre de Grange-Verney avaient été identifiés pour la plupart lors des nombreuses consultations. Je considère qu’il y actuellement un gros problème à l’OFAG qui n’écoute guère les responsables agricoles. Par contre, et c’est la raison pour laquelle AGORA a organisé cette séance, l’OFAG semble être davantage à l’écoute des agriculteurs. L’essentiel pour AGORA est que l’OFAG, après avoir écouté et entendu les témoignages des agriculteurs, passe aux actes, à savoir des corrections de PA 14-17 pour le 1er janvier 2016 déjà.
Quelles sont les principales corrections demandées par la défense professionnelle ? Concernent-elles en particulier des exploitations de plaine, grandes perdantes de la PA 14-17 ?
Les revendications et les corrections maintes fois demandées portent sur l’introduction d’une contribution à la production des céréales fourragères et de contributions spécifiques à certains types de cultures spéciales (vignes et vergers). Vu l’évolution des marchés, un soutien plus important à la culture de betteraves sucrières est nécessaire. Il faut aussi assouplir les règles relatives aux aides à l’investissement en plaine. Pour financer ces mesures, AGORA demande de revoir à la baisse un certain nombre des contributions écologiques, comme celles octroyées aux jachères ou aux bandes culturales extensives. Il n’est pas normal d’avoir une meilleure marge brute avec une jachère qu’avec une culture d’orge.
L’autre sujet de la rencontre était le contre-projet à l’initiative de l’USP pour la sécurité alimentaire. Qu’avez-vous retiré des explications de B. Lehmann et la consultation en cours va-t-elle, selon vous, modifier suffisamment le contenu du contre-projet de telle sorte que l’initiative pourrait être retirée ?
Les explications ont conforté mon impression que le contre-projet n’entend absolument pas infléchir le cours de la politique agricole. Avec l’objectif d’améliorer la compétitivité de notre agriculture, l’évolution structurelle et la disparition des exploitations vont être accélérées et les frontières vont s’ouvrir encore plus aux produits importés. On est donc pratiquement à l’opposé de l’initiative de l’USP pour la sécurité alimentaire qui vise clairement à renforcer la production indigène. On doit s’attendre à des positions très divergentes dans la consultation en cours et des corrections au Parlement sont assez improbables. Pour AGORA, un retrait de l’initiative est absolument exclu.
AGIR
