Main Content
Les articles d'AGIR
L’agritourisme est en plein essor, malgré quelques obstacles
A Gänsbrunnen, dans le Jura soleurois, au bout d’une route étroite et raide qui mène au Berghof Montpelon, nombreux sont ceux qui célèbrent mariages, anniversaires ou autres fêtes. "Nous démarrons cette année le 11 mai, et, jusqu’en septembre, nous avons déjà environ 50 événements définitivement réservés", explique Noemi Jaus, qui a repris l’exploitation de ses grands-parents en 2022. Avec son équipe, elle propose diverses options d’hébergement sur cette ferme de 32 hectares, de l’appartement de vacances classique à la "Bubble-suite" offrant une vue sur les étoiles.
Noemi Jaus mise également sur la diversité dans la production agricole. La vente directe y occupe une place importante: une nouvelle boutique à la ferme est en cours d’aménagement et la demande pour ses colis de viande de bœuf Galloway est forte.
Plus de visiteurs, mais moins d'exploitations
Berghof Montpelon est un parfait exemple d’exploitation agricole qui s’appuie sur l'agritourisme comme source de revenu complémentaire. Selon une enquête menée par Agritourisme Suisse, ses membres ont enregistré 124'758 nuitées en 2023, contre 115'900 l’année précédente – une évolution réjouissante malgré un contexte difficile, comme l’a souligné le directeur sortant Andreas Allenspach.
L’aménagement du territoire comme frein
Mais la transformation structurelle touche aussi l’agritourisme: le nombre d’exploitations membres est passé de 197 à 185. D’après Andreas Allenspach, cette baisse s’explique en partie par des cessations d’activité, mais aussi par des reprises, avec une relève qui ne souhaite plus poursuivre l’agritourisme. Un autre obstacle majeur réside dans la loi sur l’aménagement du territoire, appliquée de manière particulièrement stricte selon les cantons. "Je continue à espérer que l’agritourisme sera un jour reconnu comme une activité agricole principale", déclare-t-il.
Un soutien politique est nécessaire
Le dossier doit aussi avancer sur le plan politique. Ernst Wandfluh, conseiller national bernois, lui-même actif dans l’agritourisme et membre du comité consultatif politique d’Agritourisme Suisse, critique certaines exigences qu’il juge parfois absurdes. Il souligne l’importance d’une diversification des revenus pour les agricultrices et agriculteurs, à laquelle l’agritourisme contribue de manière significative. Il cite en exemple l’Autriche, l’Allgäu ou la Forêt-Noire: "Là-bas, on trouve d’innombrables fermes avec des auberges et d’autres offres agritouristiques."
Le président Roland Lymann estime lui aussi qu’une action est nécessaire, mais il précise clairement la stratégie: «Nous voulons des visiteurs qui regardent les vaches – pas des vaches qui observent des foules de visiteurs.» En d’autres termes, l’agritourisme suisse ne doit pas devenir du tourisme de masse, mais rester une expérience authentique, de qualité et ancrée dans la terre.
Changement à la tête d’Agritourisme Suisse
Lors de l’assemblée générale d’Agritourisme Suisse, Andreas Allenspach a été chaleureusement acclamé pour son départ à la retraite. La direction est confiée à Philipp Steiner, un professionnel expérimenté du secteur, qui a travaillé dernièrement pour la Fondation pour la promotion du goût à Lausanne. Il apporte sa solide expérience dans les domaines de l’économie et du tourisme.
Le président Roland Lymann a évoqué les débuts difficiles du mandat d’Andreas Allenspach en 2016: menace, puis départ effectif de «Vacances à la ferme» du regroupement faîtier, déficit budgétaire, médiation au sein du comité… Aujourd’hui, Agritourisme Suisse repose sur des bases solides, dispose d’une réserve financière et d’un comité uni. "Nous avons construit un immense réseau entre agriculture et tourisme", résume Roland Lymann à propos du mandat d’Andreas Allenspach.
Le comité a également connu quelques changements: Lino Gross-Erne a été élu nouveau vice-président, en remplacement de Karin Wechsler, démissionnaire. Par ailleurs, Andreas Allenspach rejoint le comité en tant que nouveau membre élu.
Jonas Ingold, LID - Traduction AGIR

