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Le vignoble neuchâtelois fait face à la crise !
A quelques jours des vendanges, les vignerons et encaveurs neuchâtelois sont dubitatifs. Tous ont la même question en tête : « Quelle quantité de raisin pourrons-nous récolter cette année ? » Raison de cette interrogation, les très importants dégâts occasionnés par le passage d’un terrible orage de grêle qui a haché le vignoble neuchâtelois le 20 juin dernier. En quelques poignées de minutes, les deux tiers des 600 hectares de vignes du canton ont été grêlés. Certaines parcelles ont même été considérées comme totalement anéanties selon les experts de Suisse Grêle. Du jamais vu selon Alain Gerber, président de la Fédération neuchâteloise des vignerons, qui rappelle que ce n’est pas tant la taille des grêlons que la durée de l’orage qui a fortement mis à mal les vignes. « De Gorgier au Landeron, pas une parcelle n’a été épargnée ! », déplore-t-il.
Plan d’action
Mais face à l’ampleur des dégâts, l’Interprofession vitivinicole neuchâteloise (IVN) a décidé d’agir. « Le montant des dommages assurés ont récemment été évalué à 11,4 millions de francs mais tous les vignerons ne sont pas couverts ou ne le sont que partiellement car ce type d’assurance coûte cher », souligne son président, Yann Huguelit. Aussi toute une série de mesures ont été prises pour soutenir le secteur et faire face à la pénurie de raisin qui s’annonce.
Mesures financières
Le Secrétariat à l’économie (SECO) a ainsi donné l’autorisation de faire appel au chômage partiel et ce, surtout dès les vendanges terminées. « Nombre d’encaveurs devront gérer des quantités plus faibles que les années précédentes ce qui implique une diminution de la charge de travail, d’où le recours au chômage partiel permettant de garder des personnes compétentes dans le circuit sans procéder à des licenciements », explique Yann Huguelit. « Nous allons également soutenir financièrement les vignerons les plus touchés grâce à des prêts sans intérêt afin de leur permettre de garder les ressources nécessaires pour rebondir au mieux l’année prochaine ».
Mesures sur le marché
Mais le problème le plus grave pour la viticulture neuchâteloise découle de la diminution des quantités attendues pour les prochaines vendanges : « Nous allons devoir faire face à une baisse de 40 à 50% des volumes par rapport à une année normale », précise le président de l’IVN. Pour pallier ce manque, chaque vigneron-encaveur pourra acheter, exceptionnellement et seulement pour l’année 2013, jusqu’à 5'000 kilos de raisin auprès de collègues neuchâtelois ou même à l’extérieur de la zone couverte par l’AOC au lieu des 2'500 habituellement autorisés. « Nous encourageons les vignerons-encaveurs à s’approvisionner, dans la mesure du possible dans le canton même si nous sommes conscients que cela sera difficile au vu des faibles volumes attendus pour ces vendanges. Dès lors, il sera possible, pour chaque vigneron-encaveur d’aller s’approvisionner dans d’autres cantons pour autant que les quantités de raisin achetées à l’extérieur ne dépassent pas 10% de la masse totale encavée », précise Nicolas Ruedin, président des encaveurs neuchâtelois. Cette limite définie par le droit fédéral relatif aux appellations d’origine contrôlée (AOC), ne s’appliquait alors qu’au pinot noir (50% du vignoble neuchâtelois) et au chasselas (35%) mais compte tenu des faibles quantités globales attendues en 2013, elle a été étendue aux spécialités blanches (chardonnay et pinot gris) qui couvrent, elles, 8% du vignoble et qui ne seront plus tenus d’être constitués de 100% de raisin en provenance de la zone d’appellation.
Conserver les parts de marché
L’ensemble de ces mesures vise avant tout à permettre aux vins neuchâtelois de conserver leurs parts de marché dans le canton mais surtout à l’extérieur : « Si nous ne sommes pas capables d’approvisionner correctement restaurants et distributeurs, je crains que nous ne soyons remplacés par la concurrence. Il sera dès lors très difficile de revenir sur les cartes », souligne Alain Gerber, président de la Fédération neuchâteloise des vignerons. Raison pour laquelle malgré une offre à la baisse « les prix ne devraient augmenter que faiblement afin de rester attractif sur les marchés », ajoute Nicolas Ruedin.
Malgré un avenir incertain pour le secteur vitivinicole neuchâtelois, Alain Gerber garde espoir en rappelant que dans leur malheur les vignerons ont eu la « chance » que la grêle soit tombée avant la floraison ce qui n’a affecté que la quantité de raisin mais pas sa qualité. « La vigne présente un état sanitaire bon et les grains un taux de sucre suffisant grâce à un été chaud et sec, ce qui nous permet d’espérer des vins de qualité ! ».
AGIR
