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Les articles d'AGIR
Les familles paysannes ont pour mission d’expliquer leur travail au citoyen lambda
Concoctée à l’échelle nationale par l’Union suisse des paysans (USP), la campagne intitulée «Nous protégeons ce que nous aimons» est déployée dans une variante romande «afin de mieux correspondre à la sensibilité francophone», informent aujourd’hui Agora et Prométerre. Ce matin, lors d’une conférence de presse à la Maison du paysan à Lausanne, les organisations faîtières ont en effet présenté leur campagne destinée à expliquer à la population la réalité du travail agricole en Suisse. Supports numériques, prospectus, panneaux, contacts directs…, la campagne se décline à l’envi. Autant de mesures didactiques visant à vulgariser des thèmes comme la protection des plantes et le bien-être animal, notent Agora et Prométerre. Ce large éventail de matériel et d’outils de communication (brochures, flyers, panneaux, totems, et autres modules) est mis à disposition des familles d’agriculteurs via les chambres d’agriculture; sans oublier naturellement les réseaux sociaux et un site internet. «En occupant ainsi le terrain, soulignent Agora et Prométerre, le monde paysan veut également se positionner sur le terrain politique et répondre aux deux initiatives fédérales sur lesquelles le peuple devra se prononcer en 2020».
En marge de la conférence de presse de ce matin, AGIR a posé trois questions à Laurent Tornay, président d’Agora.
Laurent Tornay, à votre avis, quelles sont les attentes du citoyen lambda par rapport à nos agriculteurs? Quelles sont les questions qui reviennent le plus souvent chez ce citoyen lambda?
Les citoyens ont des attentes parfois contradictoires. Ils aimeraient des produits agricoles de qualité, bien présentés, sans résidus et surtout à un prix minimum.
Au sujet des questions posées par le citoyen lambda, on ne va pas se le cacher, la question de l’utilisation des produits phytosanitaires revient régulièrement. En discutant avec les gens, on se rend compte que de nombreuses personnes pensent qu’il est possible d’avoir en suffisance des aliments non traités. Or, il est important de rappeler que tous les agriculteurs, y compris les producteurs bio, doivent protéger leurs plantes et donc utiliser des produits phytosanitaires
Quels sont les objectifs que vous recherchez en demandant aux familles paysannes d’expliquer elles-mêmes leur propre travail à la population ?
Il n’y a pas mieux qu’un agriculteur qui connait son métier pour expliquer son travail. On invite les agriculteurs à montrer ce qu’ils font et à expliquer leur métier. Des prospectus présentent comment nos agriculteurs s’engagent. Ces documents touchent à des thèmes comme l’alimentation des animaux, le bien-être animal ou encore la protection des plantes. Des panneaux en grand format leur permettront aussi de mieux expliquer ces thématiques directement sur leur exploitation; ils pourront être placés en bordure de cultures ou à proximité d’élevages, par exemple.
J’ai la chance de venir d’une région avec des PDR (projets de développement régional) qui se développent. On veut un meilleur contact avec les consommateurs et on travaille dans ce sens-là. Cette campagne permet de redéfinir les atouts et les mettre en valeur pour les agriculteurs qui sont régulièrement la cible d’attaques injustifiées. C’est leur donner aussi le courage de présenter leur métier très prenant mais souvent aussi contraignant au niveau des horaires. Dans la production animale, il y a très peu de temps libre et encore moins de vacances! L’agriculteur est aussi en mesure ainsi de mettre en évidence les avantages de son métier, à savoir vivre dans son élément et proche de la nature.
Si je me réfère à l’article paru dans l’Agri du 26 avril, je lis que la précampagne d’information sera déployée sur le plan national avec, semble-t-il, une déclinaison propre à la Suisse romande afin de correspondre à la mentalité latine. Pouvez-vous donc nous expliquer quelles sont les spécificités de la mentalité latine dans le cadre qui nous occupe ?
L’agriculture romande est axée sur la production végétale, soit les cultures spéciales et les grandes cultures. Grâce aux AOP qui ont été mis en place surtout en Romandie, on a par ailleurs un contact direct avec les consommateurs. De plus, contrairement à ce qui se passe en Suisse alémanique, l’agriculture n’est, chez nous, pas un enjeu de politique partisane. Cela permet d’avoir un rapport plus apaisé.
La campagne «Nous protégeons ce que nous aimons », développée par l’Union suisse des paysans, en collaboration avec ses membres et partenaires, se situe à un niveau national. Le message de fond est le même en Suisse romande et en Suisse alémanique. Cependant, la forme est quelque peu différente comme on peut le découvrir à travers le déploiement des différents supports présentés ce jour. Certaines thématiques seront davantage mises en évidence en Suisse romande alors que d’autres le seront plus fortement en Suisse alémanique. La question des fourrages et du bien-être animal seront donc plus mises en avant en Suisse allemande. Quant aux questions de la production et de la protection de végétaux, elles seront plus présentes en Suisse romande.
Propos de Laurent Tornay recueillis par AGIR

