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Les articles d'AGIR
On vit une période "biostimulante"!
Expérience vécue: à la question "Comment ça va le boulot?" si la réponse qui vous est donnée mentionne la formule "Disons qu’on vit une période stimulante", vous pouvez parier que votre interlocuteur envisage sérieusement une bifurcation professionnelle imminente! Mais ce constat ne s’appliquerait pas chez BIO3G, acteur majeur du marché des… biostimulants. A l’occasion des 20 ans de sa présence en Suisse, célébrés, jeudi 19 juin, dans ses bureaux de Cortébert (BE), le gérant fondateur Marc Guillermou (l’un des trois «G» de BIO3G) a relevé que la moyenne d’ancienneté de ses commerciaux helvètes était même spécialement élevée, désormais supérieure à 7 ans.
Un marché en pleine expansion
Stimulante, la période l’est à coup sûr pour leur secteur d’activité: avec les prises en considération toujours plus fortes du changement climatique et d’une production respectueuse de l’environnement, tendances encouragées en Suisse par les politiques agricoles et par les jeunes générations d’exploitants, le marché se développe à grande vitesse. L’entreprise BIO3G en engrange les dividendes depuis sa création en 1997 en Bretagne, dans les Côtes-d’Armor, avec aujourd’hui un chiffre d’affaires de 50 millions de francs dont 16% à l’export, 430 salariés dont 30 en Suisse. "Ici on est essentiellement des techniciens vendeurs de terrain, avec une base de données d’environ 15'000 clients suisses, dont 4'500 travaillent en ce moment avec nous, ce qui représente quasi 10% des exploitations et 5% des sols du pays", relève, non sans fierté, Jean-Philippe Menoud, directeur commercial Suisse.
Suivi comparatif des résultats
A 61 ans, cet enfant de Tramelan installé à Corgémont, précédemment boucher-charcutier, est lui aussi un bel exemple de fidélité à l’entreprise, puisqu’il a été recruté avant même son premier client (lequel fut gruérien), au moment d’ouvrir la première adresse de l’enseigne à La Tour-de-Trême (FR) en 2005. Depuis 2012, le siège régional est donc à Cortébert, histoire d’avoir un pied sur le marché alémanique, puis de se tourner vers l’Allemagne et l’Autriche. BIO3G travaille en vente directe, proposant à ses clients un suivi comparatif des résultats obtenus. Quatre fermes-pilotes servent en outre de lieu de présentation (pour les clients) et de formation (pour les vendeurs), situées à Bavois (VD), La Roche (FR), Hefenhofen (TG), mais aussi Salquenen (VS) pour la viticulture.
Bactéries, champignons et chlorophylle
"On pourrait comparer les biostimulants à un turbo sur un moteur, qui permet une meilleure entrée d’air et améliore la performance", image Jean-Philippe Menoud. "Nous cherchons à améliorer la vie des sols et le système racinaire, en stimulant la croissance de bactéries et de champignons, afin que fumier et lisier soient beaucoup plus vite assimilés par la plante, mais aussi qu’elle résiste mieux aux périodes de sécheresse ou de pluies continues", complète Coralie Robbe, directrice marketing. "On intervient aussi sur le feuillage, pour booster la chlorophylle et donc la photosynthèse, ainsi que sur l’hygiène des étables. Nous avons aussi des compléments alimentaires, qui viennent valoriser la ration du bétail pour produire plus d’énergie. Le tout a été validé en France par l’ANSES, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail."
En Suisse, 85% de clients en conventionnel
"Une partie seulement de notre gamme est ensuite commercialisée en Suisse", explique Coralie Robbe. "Pour ce faire, nous devons obtenir l’agrément de l’OFAG, ou du FiBL pour le marché bio. A noter que 10% de nos biostimulants sont encore sur support azoté, pour répondre à une demande du marché, mais qu’ils ne peuvent donc pas prétendre au label bio."
"Depuis notre arrivée en 2005, le bouche-à-oreille a ici très bien fonctionné", affirme Jean-Philippe Menoud. "Aujourd’hui nous avons 85% de clients travaillant en conventionnel et 15% labellisés bio. Comme on est sensiblement plus chers, les agriculteurs nous utilisent sur leurs productions les plus rentables. Quant aux communes, qui n’osent plus utiliser de produits minéraux de synthèse pour leurs espaces verts, elles travaillent aussi beaucoup avec nous. Si bien que le marché suisse s’est adapté, et que nous avons désormais une dizaine d’entreprises concurrentes, dont de gros fabricants de produits phytosanitaires qui essaient de se reconvertir et d’aller sur ce chemin-là."
Formation et recherche intéressées
Autre illustration de cette tendance, les écoles d’agriculture font désormais plancher leurs élèves de Maîtrise sur le fonctionnement des biostimulants. C’est l’Yverdonnois Eric Douady, ancien horticulteur et désormais animateur technique chez BIO3G, qui nous en parle. "Les instituts de formation et de recherche nous contactent car ils sont toujours plus intéressés par la vie du sol. Même si notre marque ne peut pas apparaître dans leurs publications, on collabore avec l’HEPIA à Genève, avec INFORAMA Rütti à Zollikofen (BE), on a aussi un projet sur le stockage et la redistribution de l’eau dans le sol avec l’Institut agricole de Grangeneuve à Fribourg, et puis on invite les chambres d’agriculture à nos événements. Sur le plan commercial, on travaille aussi avec des golfs, des pépinières ornementales et quelques horticulteurs, ce qui me réjouit!"
Matières premières marines et organiques
BIO3G s’appuie sur d’importants moyens de recherche en laboratoire, en Bretagne, collaborant avec l’INRAE et le CNRS en France, et utilise des souches marines (algues ou coquilles d’huître), organiques végétales (sciure de pin, marc de café, tourteaux extraits de la fabrication d’huile d’olive), ou minérales (calcium, gypse). La production est ensuite assurée par trois usines, dont les deux principales dans le Maine-et-Loire et le Gard. Un site de fabrication suisse n’est pas impossible à terme, mais le développement du marché chez nous pourrait aussi passer par de la sous-traitance: BIO3G monnayerait alors sa force de vente et sa plateforme logistique pour d’autres marques fabriquées en Suisse. Marchés de la semence, de la nutrition, du biocontrôle (à savoir la protection naturelle des végétaux contre les maladies, insectes et ravageurs): d’autres horizons produits pourraient s’ouvrir.
Etienne Arrivé/AGIR
A noter que le groupe suisse Eléphant Vert, basé à Genève et actif dans l’agroécologie dans 44 pays essentiellement en Afrique, est, depuis décembre, propriétaire à 100% de BIO3G. Il détenait 50% de l’entreprise depuis 2018.

