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Les articles d'AGIR
Produire bio est un nouveau défi avant tout!
«Lorsqu’on abandonne l’agriculture conventionnelle pour partir en bio, il faut être convaincu de ce que l’on fait. C’est une autre façon de travailler. Il faut y croire», remarque Claude Peguiron. Dix ans ans avant d’opérer cette reconversion, le couple s’était déjà engagé pour une production respectueuse de la nature puisqu’il travaillait sous le label IP-Suisse. Il y a trois ans, il décide d’aller plus loin en procédant à des essais de désherbage mécanique sur des parcelles de l’exploitation.
« Pour Laurence et moi, choisir la production bio est aussi devenu une alternative car je suis sensible des poumons et le fait d’être exposé régulièrement à des produits phytosanitaires mettait ma santé en danger. Pour ma famille et moi qui sommes en première ligne mais aussi pour les consommateurs en général, nous nous sommes posés beaucoup de questions sur les effets négatifs à long terme de ces traitements chimiques.» Et Laurence de rappeler que c’est «un mal sournois, une bombe à retardement».
Grandes cultures et vaches mères
En fermage à Mex, Claude et Laurence sont à la tête d’une exploitation mixte de 37 hectares. «Nous louons d’autres parcelles à des agriculteurs. Nous comptons 25 hectares de grandes cultures, soit blé, orge, maïs, tournesol et colza, et élevons des vaches allaitantes de race Simmental.» Leur troupeau compte une cinquantaine de bêtes dont 24 vaches mères. «Nous avons acquis récemment un taureau de race Angus afin de pouvoir répondre aux critères de qualité bouchère du label Natura-Beef concernant la couverture graisseuse», explique l’agriculteur. Outre la qualité de la viande, le programme imposé par le label est soumis à des directives précises concernant la détention respectueuse des bêtes et un affouragement naturel composé essentiellement d’herbe et de foin, et de lait maternel jusqu’au sevrage.
Malgré tous ces efforts de qualité, les fermiers constatent cependant qu’il est difficile pour eux de gagner décemment leur vie avec l’élevage. «Dans un marché soumis à la concurrence internationale et avec la nouvelle politique agricole, nous nous en sortirions mieux en ne faisant que des grandes cultures mais nous ne fonctionnons pas qu’à l’argent. En outre, en agriculture biologique, il est important d’avoir du bétail pour produire de l’engrais et garantir une bonne rotation des cultures. Notre objectif est d’arriver petit à petit à travailler en autarcie, donc sans avoir besoin d’acheter des engrais biologiques qui coûtent très cher. C’est un défi mais avant d’atteindre cet équilibre, il y a encore beaucoup de travail», précise Claude qui envisage plus tard de créer son propre compost.
Au début de l’aventure
Des projets, le couple n’en manque pas puisqu’il est conscient de n’être qu’au début de l’aventure. «Travailler en bio nécessite un immense investissement en heures de travail et une organisation sans faille. Il faut aussi savoir rester proche de la nature, attentif aux moindres changements de météo pour anticiper les tâches à accomplir. Pour avoir des parcelles propres et ne pas passer trop d’heures à désherber, il est par exemple essentiel d’apprendre à anticiper. Cette année, on a eu de la chance jusqu’à maintenant, sauf sur une parcelle de maïs à Cuarny», remarque Claude. Et Laurence de conclure avec philosophie que c’est une autre façon d’entrevoir l’agriculture et qu’il faut «réapprendre à tolérer certaines mauvaises herbes sur les champs».
AGIR
www.bio-suisse.ch (Un film sur la famille Peguiron est diffusé sur le site de Bio Suisse: www.bio-suisse.ch/fr/presse/news.php )
