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Les articles d'AGIR
Valentin Dougoud s’en va après avoir beaucoup donné!
Valentin Dougoud, quelle a été votre motivation pendant ces cinq ans au sein d’agro-image?
Contacter les écoles et planifier les cours mais surtout enseigner m’ont fait m’ouvrir aux autres! M’intéresser aux problèmes qu’ils se posent, mieux connaître leurs habitudes de consommation, découvrir leur vision de l’agriculture, aussi bien dans notre pays qu’au niveau international… tout cela m’a permis de créer et de consolider beaucoup de liens. Même si je suis passionné par mon métier d’agriculteur, j’ai en effet besoin de partager des idées et d’avoir des contacts. Je ne pourrais pas rester tout seul sur mon exploitation du matin au soir.
Comment réagissent les jeunes lorsque vous leur parlez d’agriculture?
Je les ai toujours sentis très intéressés par ce cours qui les sort du programme habituel et qui touche directement leurs habitudes de vie, leur éducation, leur culture. Mais, à travers les questions basiques que les jeune me posent et qui reviennent régulièrement, je me suis rendu compte que la plupart d’entre eux n’avaient que peu de connaissances sur le milieu agricole. Ils veulent souvent savoir ce qu’on donne à manger aux vaches, combien d’heures on travaille par semaine, quels sont nos revenus, quels sont les débouchés possibles. Certains d’entre eux me questionnent sur les formations à suivre. C’est un sujet que j’ai toujours trouvé intéressant à aborder car il correspond bien aux réalités de notre profession, à savoir la difficulté aujourd’hui de vivre de son exploitation, de trouver une exploitation sur laquelle travailler si l’on ne vient pas déjà d’un milieu agricole.
Quels sujets abordez-vous spécialement dans ce programme actif dans toute la Suisse?
Nous avons choisi des thèmes qui touchent directement le jeune public et notre société en général, comme la sécurité alimentaire, la différence entre les modes de production intensifs et extensifs, les produits de proximité et de saison, le parcours des aliments, les labels et le développement durable. Ces sujets sont présentés sous la forme de modules. Nous apprenons aussi aux élèves à décrypter une étiquette de produit et à mesurer l’impact d’un emballage sur l’environnement en prenant comme exemple une boîte de conserve en aluminium ou un emballage en papier. L’objectif est de sensibiliser les jeunes, qui sont les consommateurs de demain, à une nourriture de saison et de proximité produite par des agriculteurs respectueux de l’environnement, du bien-être animal et de la qualité. Les cours se déroulent de manière interactive, avec des petits ateliers pratiques. Les jeunes participent en posant des questions. Même si au départ ils ressentent une certaine timidité à s’exprimer, cela débouche ensuite sur des discussions intéressantes.
Qui fait les démarches pour trouver des écoles?
Ce sont principalement les responsables régionaux. Quand j’ai repris ce poste pour la Suisse romande, j’ai consacré énormément de temps à recontacter une à une les écoles fribourgeoises et vaudoises. J’ai développé notre réseau avec de nouvelles classes, particulièrement dans le canton de Fribourg où j’habite. Dans le canton de Vaud, malgré l’intérêt des professeurs pour ces deux périodes consacrées à l’agriculture, c’est plus difficile de fidéliser les écoles qui ont besoin de l’autorisation du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture pour intégrer agro-image à leur programme. Pour les autres cantons romands, l’éloignement géographique rend les démarches encore plus compliquées et les prestations plus onéreuses, aussi nous n’enseignons que de manière ponctuelle dans les classes qui nous en font la demande, en faisant appel à l’intervenant qui habite le plus près de l’école concernée.
Qui finance ces cours et rétribue les intervenants agriculteurs?
C’est agro-image qui s’en charge car nos activités sont soutenues financièrement par des partenaires, mécènes, sponsors et donateurs. Ainsi, les écoles ne sont pas obligées de participer financièrement. Pour développer les cours dans toute la Suisse romande, il faudrait plus de moyens logistiques, plus de temps et surtout davantage de moyens financiers. A mon sens, ce serait idéal de nommer un responsable par canton pour qu’il puisse créer son réseau d’écoles et de sponsors. Mais pour cela, il faudrait d’abord trouver plus d’intervenants de tous les cantons romands!
Actuellement, comment recrutez-vous les jeunes agriculteurs?
En Suisse romande, nous présentons régulièrement les activités de l’association à l’Institut agricole de Grangeneuve où se forment de jeunes agriculteurs. C’est d’ailleurs comme ça que j’ai entendu parler pour la première fois d’agro-image! En général, les intervenants donnent une ou deux années à agro-image avant de se tourner vers d’autres activités ou de reprendre des études pour le brevet ou la maîtrise.
Quels supports mettez-vous à disposition des intervenants?
Les cours sont donnés sur la base de plusieurs modules. Nous mettons à jour régulièrement ces supports de cours, en actualisant les données et les différents documents. Un nouveau concept a d’ailleurs été élaboré ces derniers mois et nous allons le présenter d’ici la fin de l’année dans les écoles. Par ailleurs, l’usage du power point nous a permis de définir clairement le même fil rouge pour tous les intervenants en Suisse. Pour la petite histoire, quand j’ai commencé, nous avions à notre disposition un rétroprojecteur et des transparents et chacun des intervenants construisait son cours un peu à sa façon et selon sa propre sensibilité!
Avez-vous assez d’intervenants en Suisse romande et comment voyez-vous l’avenir de ces cours?
Pour le moment et pour le réseau que nous couvrons, nous avons assez d’intervenants, même si c’est parfois un peu la course! Plusieurs écoles nous demandent d’intervenir chaque année et nous visitons de plus en plus de classes. J’ai donc bon espoir de voir ce concept se développer encore car il est plus que jamais important de promouvoir une agriculture de proximité et de sensibiliser les consommateurs une alimentation saine et de saison.
Vous allez quitter vos fonctions au comité de l’association et comme responsable régional à la fin de cette année, qui sera votre successeur?
Je ne sais pas encore. C’est le comité d’agro-image qui aura la charge de nommer mon successeur. Si quelqu’un est intéressé par cette fonction, il faut qu’il fasse ses offres directement au comité. Naturellement je suis prêt, s’il le faut, à proposer un certain nombre de personnes. Et je reste également à disposition de l’association si l’on me demande des conseils ou mon avis sur tel ou tel projet. Ces cinq années ont été pour moi extrêmement enrichissantes et si j’ai essayé de transmettre de nouvelles connaissances aux élèves, j’ai également beaucoup appris.
Propos recueillis par
Armande Reymond/AGIR
Agro-image en chiffres
En 2013, les intervenants ont enseigné dans 252 classes à travers toute la Suisse, soit une augmentation de 15% par rapport à 2012 et un record inégalé depuis 2008.
Les coûts de visites de classes se sont élevés en 2013 à 40'129 francs.
L’association a consacré 1'413 francs à la refonte des supports de cours pour 2014 et 2015.
Responsable régionaux: Manuel Waber pour Berne, Soleure et Bâle – Mary Reichmuth pour la Suisse centrale et orientale – Christian Marro pour la région alémanique de Fribourg – Valentin Dougoud (démissionnaire en juillet 2014 et en poste jusqu’à la fin de l’année 2014. Le poste est ensuite à repourvoir) pour la Suisse romande.
Nombre total d’intervenants en Suisse: en 2013, agro-image totalisait 95 membres dont 53 intervenants.
Nombre d’intervenants actuellement en Suisse romande: 9 intervenants.
