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Valoriser le rôle des femmes dans le monde agricole actuel
Agricultrices, agriculteurs, personnalités politiques, responsables d’organisations et de syndicats agricoles, suisses et français, se sont donné rendez-vous le 28 octobre au théâtre Bernard Blier à Pontarlier pour débattre ensemble du « partenariat gagnant femmes-hommes en agriculture ». Ils ont tous confirmé que la complémentarité des forces et des compétences représente aujourd’hui un défi essentiel en termes de pérennité et de transmission des exploitations, d’engagement et de droits professionnels mais aussi d’équité sociale et de réalisation de soi.
Avec et pour les femmes
Agricultrice et initiatrice de FARAH, Hélène Liegeon a ouvert le colloque en retraçant brièvement l’historique de ce projet franco-suisse d’une durée de trois ans (2012-2015). Développé dans le cadre du programme européen de coordination transfrontalière Interreg de l’Arc jurassien, il vise à encourager les agricultrices françaises et les paysannes suisses à prendre des responsabilités aussi bien sur le plan professionnel qu’associatif ou politique. Il repose sur la participation d’un réseau de femmes actives qui a décidé de mener des actions concrètes de formation, de communication, de sensibilisation leur permettant de faire évoluer la perception des rôles au sein de l’exploitation agricole mais également au niveau de la sphère privée, associative et publique.
« Alors que nous arrivons à mi-chemin de ce projet, nous constatons déjà des changements dans les convictions et l’organisation du travail et dans l’implication des femmes au sein des exploitations », se félicite Hélène Liegeon avant de céder le micro aux agricultrices engagées dans cette action.
D’un vécu à l’autre…
Par le biais de petites animations et présentations, plusieurs représentantes suisses et françaises ont expliqué comment FARAH les a aidées à développer leur autonomie, à valoriser leurs compétences et responsabilités, à installer l’égalité et la complémentarité sur leurs exploitations et dans le cadre des organisations professionnelles. D’autres ont expliqué leur implication dans des groupes de travail. Par exemple pour développer des thèmes liés à l’amélioration des droits et des couvertures sociales, à la pérennité et à la gestion de l’exploitation, notamment en cas de divorce, de deuil ou de maladie.
FARAH a aussi été l’occasion pour certaines femmes de « se remotiver ». D’autres ont appris à promouvoir leur métier, à nouer le dialogue avec leur mari et leurs associés. « Aujourd’hui, souligne l’une d’entre elle, nous parlons chez nous de la situation de la paysanne de façon plus légère et plus constructive.». Un autre groupe a fait un travail sur le stress et la gestion du temps. « Maintenant, je prends de bons moments pour moi sans culpabiliser !», remarque une agricultrice.
Table ronde
Si le projet FARAH s’adresse prioritairement aux femmes, il concerne aussi l’entourage masculin, qu’il soit familial, professionnel ou institutionnel. Une table ronde sur le thème « Plus-value, leviers et pistes d’action pour un partenariat équilibré homme-femme en agriculture » a permis de prolonger la réflexion. Elle a réuni : du côté suisse, Elisabeth Baume-Schneider, conseillère d’Etat du canton du Jura, Christine Bühler, agricultrice et présidente de l’Union suisse des paysannes et femmes rurales et Philippe Jeannerat, agriculteur et président d’AGORA ; du côté français, Sophie Fonquernie, agricultrice et conseillère régionale de Franche-Comté, Annie Genevard, enseignante et députée maire de Morteau, et Daniel Prieur, agriculteur et président de la Chambre d’agriculture du Doubs. Les débats étaient animés par Valérie Miéville-Ott, coordinatrice de FARAH pour la Suisse (Agridea) et Loan Pascale Jérôme, responsable du projet pour la France (Trame).
Ateliers
La journée s’est terminée par quatre ateliers qui ont donné la possibilité à une centaine de participantes et participants de travailler ensemble sur les thématiques fondatrices de FARAH : «L’agriculture : un métier d’hommes ?», « Et si on prenait du temps ? », « Mettons de la mixité dans notre entreprise et nos organisations ! », et « Osons l’engagement ! ».
Ces moments de partage ont contribué à mettre en évidence le chemin déjà parcouru et les étapes qu’il reste à franchir pour permettre à la femme d’exister pleinement dans son rôle d’agricultrice.
« C’est un long travail. Mais nous devons encourager les nouvelles générations d’agricultrices qui arrivent dans les fermes, que ce soit au sein du couple, de l’exploitation et du cadre de vie associatif et public », souligne Christine Bühler. Et Daniel Prieur de conclure que pour faire exister le partenariat hommes-femmes, il faut le construire à tous les niveaux, sans oublier de dialoguer avec la personne pour lui permettre d’exister.
AGIR
