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Les articles d'AGIR
Vitiswiss organise le Forum vitivinicole suisse à Berne
Une part importante des vignes de notre pays sont en forte pente. Si les spécificités topographiques de ce vignoble lui confèrent son identité régionale tout en valorisant nos paysages et l’image de nos crus, elles représentent aussi pour les vignerons de réelles contraintes techniques et logistiques, a expliqué Philippe Droz dans sa présentation. Par rapport aux vignobles en pente douce ou à plat, ces caractéristiques génèrent une réelle augmentation des coûts de production.
L’intervenant a également mis en évidence les opportunités de ce paysage viticole. Il a passé en revue un certain nombre de moyens logistiques, techniques ou scientifiques que les vignerons ont à leur disposition, ou qui sont en cours d’élaboration, pour exploiter ce vignoble, assurer son évolution dans le futur, garantir sa pérennité géographique et la qualité des vins, tout en maîtrisant mieux les coûts de production.
Frein à la mécanisation
Pente, morcellement et difficulté d’accès sont un réel frein à la mécanisation et, par conséquent, provoquent des coûts d’exploitation plus élevés que ceux engendrés par les autres types de vignobles mécanisables au tracteur. Cela même si les paiements directs à la pente (au maximum 5'000 Fr. /ha) corrigent en partie ces surcoûts, a souligné Philippe Droz. Les frais annuels de culture s’élèvent à 36'000 Fr./ha, auxquels il faut ajouter les frais d’amortissement et de fermage ce qui, au final, conduit à des frais de production d’environ 50'000 Fr./ha. Et le spécialiste d’Agridea de préciser que pour les vignobles dont la culture est en banquettes, ce qui nécessite de coûteux investissements, les frais annuels peuvent être réduits à environ 28'500 Fr./ha. Mais, constate le conférencier, par rapport à un vignoble mécanisable au tracteur, dont les frais annuels de culture sont entre 21'000 et 26'000 Fr./ha., ces frais demeurent élevés.
Pression environnementale
Le traitement des vignobles en forte pente exige un travail pénible et long, aussi de nombreux producteurs ont opté pour le traitement aérien qui permet d’apporter les produits phytosanitaires au moment idéal. Dans nos régions où les attentes environnementales sont fortes et la densité en population élevée, l’utilisation de l’hélicoptère est assujettie à des restrictions de plus en plus draconiennes. Ce qui complique les opérations et occasionne là encore des frais supplémentaires.
Coût de la main-d’œuvre
Conséquence directe de toutes les difficultés liées à l’exploitation de ces vignes: l’augmentation de la main-d’œuvre qui doit, pour biens des tâches encore, se substituer au travail mécanique. Comparant l’indice du coût de main-d’œuvre à celui de la mécanisation, Philippe Droz souligne que le coût de la main-d’œuvre augmente régulièrement et plus vite que les autres facteurs de production (indice coût mécanisation: 100 en 1966 et 405 en 2014 ; indice coût de la main-d’œuvre : 100 en 1966 et 660 en 2014).
Atouts et évolution du vignoble en forte pente
Malgré toutes les difficultés évoquées, le vignoble en forte pente bénéficie aussi de nombreux atouts, constate Philippe Droz. Outre l’intérêt du paysage sur un plan touristique et la diversité des crus qu’il permet de produire, il se caractérise par une biodiversité supérieure à celle de la forêt ou du maquis qui occuperait ces terres en l’absence de vigne.
Le conférencier a également mis en évidence les différentes opportunités et mesures dont peuvent bénéficier les vignerons pour pérenniser leur vignoble, le faire évoluer tout en préservant la qualité de leurs vins et en améliorant les coûts de production. Se référant à la législation agricole, il a mentionné notamment l’octroi possible d’aides pour des initiatives collectives de producteurs visant à baisser les coûts de production. Il a rappelé que les viticulteurs pouvaient bénéficier de crédits d’investissement pour le renouvellement des plantes pérennes et qu’il existait des contributions à la remise en état périodique des murs de pierres sèches. Il a mentionné aussi les travaux de recherche conduits par Agroscope pour développer, par exemple, des cépages résistants permettant de réduire les interventions phytosanitaires.
Dans sa conclusion, Philippe Droz a souligné que, même s’il n’existe aucune solution simple pour permettre l’évolution de ces vignobles, toutes les mesures et opportunités évoquées dans sa présentation peuvent se conjuguer, tout en préservant la qualité du paysage et du vin. Les initiatives à prendre relèvent des niveaux individuels et collectifs.
AGIR
www.vinatura.ch et www.agridea.ch
