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Prise de conscience du gaspillage alimentaire
En parallèle à un dossier paru dans l’édition du 1er mai de son magazine « Mieux choisir », la Fédération romande des consommateurs a organisé, cette semaine à Genève, un débat sur le thème du gaspillage alimentaire. En préambule à la discussion, un film de Valentin Thurn « Taste the Waste » a mis en lumière de façon dramatique le gaspillage lié au mode de consommation des pays industrialisés. Ce documentaire montre les différentes pratiques et normes aux quatre coins du globe et met surtout en évidence les paradoxes du système de consommation actuel, ses effets sur l’économie mondiale et son équilibre, son impact sur l’environnement et sur l’éducation des enfants.
On peut poser le problème en un chiffre : un tiers des aliments produits pour la consommation humaine est perdu ou gaspillé ! En Suisse, par exemple et selon la FRC, « une poubelle domestique engloutirait annuellement entre 50 et 100 kg de déchets alimentaires par habitant ». Sans compter les denrées qui n’arrivent tout simplement pas chez les consommateurs car elles sont jetées en amont. Chez le producteur parce qu’elles ne correspondent pas aux normes (fruits et légumes trop grands ou trop petits) ; chez le distributeur (invendus, dépassement de la date-limite, etc.).
En amont…
Concernant la production, Jacques Bourgeois, directeur de l’Union Suisse des paysans, a rappelé quelques éléments importants : les normes imposées chez nous sont drastiques pour pouvoir vendre le produit à la distribution. Ainsi une pomme de terre qui n’a pas le bon calibre n’arrivera jamais dans une assiette. Autre souci de la production : produire les quantités que l’on peut écouler. Un principe plus simple à dire qu’à appliquer, ne serait-ce qu’à cause de la météo. Mais, dans tous les cas, les participants ont bien compris le message de l’agriculture : produire des aliments de qualité pour les voir finir en engrais, c’est un vrai crève-cœur pour un producteur et pas seulement du point de vue économique.
… et en aval
Natasha Litzistorf, directrice d’Equiterre, a continué la discussion en soulignant que le film ouvrait la voie à deux approches : l’une, pessimiste, reposant sur un non-sens n’offrant aucune alternative ; l’autre, optimiste, avec une ouverture à l’action. Conrad Aeby, directeur marketing de Migros Genève, a poursuivi en faisant part de sa tristesse face à ce gaspillage et en assurant les participants de la volonté des grands distributeurs de diminuer les déchets. Il a souligné la nécessité d’une collaboration entre les différents acteurs. Vincent Gall, directeur de l’association Partage, a expliqué que son organisation travaillait sur une solution locale pour le recyclage des déchets et leur élimination. Quant à Aline Clerc, responsable des dossiers Environnement et Agriculture à la FRC, elle a regretté le catastrophisme du film en soulignant que la phase actuelle de prise de conscience du gaspillage devrait amener des actions concrètes.
Par le biais des questions du public, les dates de péremption des aliments, souvent incorrectes et prématurées, ont été évoquées, comme la thématique d’aliments proposés hors saison. Une personne dans le public s’est interrogée sur l’urgence d’une action et la nécessité d’édicter des normes, ce qui a rappelé que, parmi les maillons de la chaîne alimentaire, se trouve aussi l’Etat. Toutefois, comme l’a souligné Jacques Bourgeois, notre pays ne peut renoncer à l’importation puisque l’auto-approvisionnement brut n’est que de 58% : « ll y a une limite à ce que nous pouvons produire ».
Pour clore le débat, chaque intervenant invité a donné son mot de la fin : « Mouvement en construction, on avance » (V. Gall) ; « Convaincre plutôt que contraindre » (C. Aeby) ; « Il faut la carotte, le bâton… et de l’information » (N. Litzistorf) ; « Redonner de la valeur aux denrées alimentaires » (J. Bourgeois).
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