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10 millions pour la filière laitière vaudoise
Invité ce jeudi matin à Vallorbe, lors de l’assemblée générale de la fédération laitière Prolait, le Conseiller d’Etat Philippe Leuba, en charge de l'agriculture vaudoise, n’est pas venu les mains vides. En début de séance, il a annoncé la volonté du gouvernement cantonal de débloquer un fond de 10 millions sur 5 ans afin d'alimenter un «paquet lait», soit 7 mesures de soutien destinées principalement aux producteurs de lait d’industrie. Cette proposition devra être acceptée par le Grand Conseil avant d’être appliquée.
L’objectif est principalement de mettre l’accent sur une «garantie qualitative» du lait vaudois. Pour y arriver, le Canton veut notamment augmenter l’autonomie fourragère pour permettre une différenciation de la production vaudoise, soutenir l’investissement à fonds perdu pour les nouvelles fermes laitières ou la conversion au lait de non-ensilage, et encourager la sélection du bétail sur des critères de durabilité (diminution des antibiotiques).
«Ce sont des mesures sans précédent, a affirmé le Conseiller d’Etat. Aucun canton n’a mis en place un tel programme.» Les mesures politiques se veulent en accord avec les besoins des agriculteurs sur le terrain. Elles se basent, en effet, sur une étude menée en 2017 et 2018 à laquelle 59% des producteurs de lait vaudois ont participé.
Réaction mitigée
Souffrant encore et toujours d’un prix du lait de centrale trop bas, la branche a certes besoin d’aide. Mais l’annonce des autorités, lors de l’assemblée générale de Prolait, n’a pourtant pas totalement satisfait les producteurs de lait et autres représentants du secteur. Car certains estiment qu’il s’agit encore d’une mesure «sparadrap», alors qu’il conviendrait de traiter le problème à la source, c’est à dire une meilleure rémunération des producteurs.
«Vous avez raison, a répondu Philippe Leuba. Mais c’est un pas important dans la bonne direction. Avec les coûts de production qui sont les nôtres, nous devons travailler sur une différence qualitative, faire comprendre que notre lait est de meilleure qualité, sinon on est mort! » Il a de plus rappelé que le gouvernement vaudois avait un champ d’actions limité, et qu’il ne pouvait pas interférer directement sur le prix du lait.
Meilleure communication des producteurs
Avant cette annonce du Conseiller d’Etat vaudois, la fédération Prolait avait convié la presse en marge de son assemblée générale annuelle. La fédération, qui regroupe des producteurs vaudois, neuchâtelois et fribourgeois, a annoncé vouloir mettre l’accent sur la communication par ses membres. «Elle devient primordiale pour expliquer, montrer et vulgariser les différents aspects du métier de producteur de lait», a mentionné Marc Benoît, président de Prolait.
Les représentants de la branche ont aussi déclaré «regretter que la Politique agricole à partir de 2022 (PA22+) n’aie, pour l’instant, pas assez loin» en ce qui concerne la filière laitière. «Nous ne voyons pas, au niveau de la Confédération, quelles sont les mesures proposées faisant en sorte que, dans 15 ans, il y aura encore assez de lait en Suisse», ont-ils affirmé.
Le principal problème du secteur reste le prix du lait de central, ou d’industrie, rémunéré pour l’heure à environ 55 ct le litre, alors qu’il faudrait un prix entre 65 et 70 ct pour que les producteurs puissent faire tourner leur exploitation, selon des estimations mentionnées par les instances dirigeantes de Prolait.
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