Main Content
H. Johnson, un homme qui aime partager le vin !
Dans un silence respectueux, les nombreux professionnels qui ont répondu à l’invitation de Terravin attendaient, hier soir au Chalet-à-Gobet, une encyclopédie vivante. Et Hugh Johnson d’arriver, modeste, charmant… très anglais en somme.
Introduit par le président Pierre Monachon et le secrétaire Philippe Herminjard, l’orateur s’est immédiatement lancé dans le vif du sujet avec un premier constat : le vin est devenu globalisé et plus d’un vigneron pense que l’avenir, c’est le BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine). Ce qui fait dire à d’aucuns que la recherche ultime, c’est de trouver le « goût mondial ». Mais le goût parfait qui plaît à tout le monde existe-t-il ?, s’interroge Hugh Johnson… Une chose est sûre, pour lui ce n’est pas le goût boisé à la mode qu’il va jusqu’à trouver « vulgaire ». Et que dire du vin néo-zélandais (sauvignon blanc) « tellement ennuyeux » ! Et de la syrah beaucoup cultivée en Australie et dans la Napa Valley en Californie « parce que c’est facile »…
Hugh Johnson admet cependant que le nouveau monde a eu le mérite depuis plusieurs décennies d’obliger l’ancien à se remettre en question et à mieux étudier les vins « avant on faisait comme ça… parce qu’on avait toujours fait comme ça ! ». Mais les nouveaux pays producteurs tablent trop sur leur objectif ultime : plaire aux consommateurs. Avec des risques pour le vin car il suffit d’un gourou ou d’une bonne campagne de communication pour bousculer le marché : « Avant, il fallait attendre plusieurs générations tandis que maintenant les changements sont extrêmement rapides », constate-t-il avec un brin de nostalgie.
Sans oublier les notes données aux vins, une autre mode venue d’Amérique via Robert Parker, le dégustateur et critique devenu l’un des plus influents. Mais notre Anglais de s’interroger à nouveau : « Peut-on noter des symphonies ou donner une note à nos amis ? ». Un état d’âme peu partagé par les compatriotes de Parker qui ont beaucoup aimé ce système qui les rassurait. Alors même que le jugement est, selon le conférencier, extraordinairement prévisible : pour plaire et donc être bien noté, il faut avoir un haut degré d’alcool, une certaine couleur et le fameux goût boisé…
Tout le contraire en somme de ce qu’apprécie notre connaisseur : savoir-faire transmis sur le long terme, curiosité, diversité, terroir. Et de remarquer qu’actuellement les pays traditionnels essaient de copier les vins du nouveau monde alors que ceux-ci commencent à s’inspirer des traditions…
Enfin, en guise de conclusion, l’orateur glisse un conseil aux consommateurs: « Si du côté des producteurs nous avons l’avantage, par rapport à nos ancêtres, de bien connaître les cépages et le goût des vins, ce serait bien que les amateurs de vins apprennent eux aussi à mieux les goûter et à en parler, en pratiquant l’exercice entre amis avec plusieurs bouteilles différentes».
Car pour Hugh Johnson, un vrai nectar, c’est « un vin de conversation ». Une qualité qu’il reconnaît d’ailleurs avec bonne humeur… aux vins suisses.
MB/AGIR