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IP VMO : Quand la promotion plombe la trésorerie…
« En raison de notre résultat comptable 2012-2013 désastreux, nous devrons absolument réduire nos dépenses de promotion et malgré cela assurer une bonne croissance des ventes pour l’exercice à venir afin d’équilibrer sur le long terme nos finances depuis trop longtemps déficitaires », a souligné Philippe Berthoud, président de l’Interprofession du Vacherin Mont-d’Or (IP VMO) dans son rapport d’activité.
Chiffres rouges
Si la production en hausse de 2,4% à 578,2 tonnes et le titre de « Champion Suisse des Fromages 2012 » obtenu par la Fromagerie Charles et Patrick Hauser s’inscrivent dans la colonne des points positifs de l’exercice 2012-2013, force est de constater que les problèmes de trésorerie ternissent le bilan global. Avec une perte de plus de 102'000 francs l’an passé, l’interprofession se trouve dans une situation délicate. « Nous avons dû emprunter de l’argent à nos membres pour régler certaines dépenses courantes mais nous allons rembourser rapidement ces montants », assure Pascal Monneron, le gérant de l’interprofession, qui avoue cependant perdre entre 10'000 et 20'000 francs par an depuis 10 ans.
Promotion coûteuse
En cause, une promotion du fromage à pâte molle trop coûteuse. « Nous avons diminué, depuis deux ans, les montants alloués à l’image afin de renforcer les dégustations en grandes surfaces. Nous avons certainement choisi la bonne stratégie même si à l’heure actuelle ces activités nous coûtent trop cher », explique Pascal Monneron. Avec plus de 300 jours de dégustation, soit une augmentation de 25% par rapport à l’exercice précédent, le budget promotion a bondi de plus de 11% en 2012-2013, passant de 658'000 à 742'000 francs. « Désireux d’accroître leurs ventes, les grands distributeurs Migros et Coop, qui nous achètent les deux tiers de notre production, nous encouragent continuellement à effectuer un maximum de journées de promotion de notre produit. Nous n’avons pas réussi à ce jour à leur dire non, ce qui explique l’augmentation massive des dépenses de promotion », déplore le gérant qui rappelle toutefois que ces activités assorties d’une baisse de prix développent de manière concrète les ventes et contribuent également à la diminution des stocks parfois importants des affineurs.
Exportations en berne
Avec une part de 92% de la consommation de Vacherin Mont-d’Or AOP, la Suisse reste un marché solide. Il n’en est pas de même hors des frontières helvétiques où les exportations ont connu une baisse globale de 15% pour s’établir à 40,5 tonnes en 2012-2013. Franc fort et situation économique défavorable expliquent en partie cette baisse. Ainsi, en France, premier marché d’exportation, le VMO a vu ses ventes chuter de près de 20% pour s’établir à un peu plus de 32 tonnes. La tendance est identique pour tous les autres pays importateurs tels que les USA et le Canada, l’Italie ou le Japon. Seule l’Allemagne a augmenté ses importations de 846 kilos à plus de deux tonnes. Une quantité qui reste cependant très modeste selon Pascal Monneron, compte tenu du potentiel important de consommation de ce voisin pourtant grand amateur de produits labellisés.
Litige vieux de dix ans
Dans la catégorie des mauvaises nouvelles, l’Interprofession du Vacherin Mont-d’Or vient de perdre, en deuxième instance au Tribunal fédéral, le droit de déduire fiscalement la TVA versée à l’administration fédérale dans le cadre de ses exportations. L’IP VMO avait lancé une procédure en 2002, estimant qu’elle ne devait pas être soumise à cette taxe. « Au terme de ces démarches, il nous reste un goût amer résultant du sentiment de ne pas avoir bien été compris par le Tribunal fédéral. Quant au fait de devoir payer 50'000 francs plus 13'000 d’intérêts de retard, la pilule est vraiment dure à avaler et ce, compte tenu de notre situation financière actuelle », souligne le président, Philippe Berthoud.
Stratégie de reprise
Afin de redresser les finances de l’interprofession, son gérant, Pascal Monneron, a présenté une stratégie basée sur deux axes. Le premier vise à réduire les dépenses liées aux dégustations en grandes surfaces : « 80% de nos ventes se font avant le 15 janvier, nous allons donc concentrer nos efforts promotionnels sur la première moitié de la saison, ce qui devrait nous permettre d’économiser 30'000 francs ». Deuxième axe, l’interprofession prévoit une redistribution à la baisse de la prime spécifique reçue par le Vacherin Mont-d’Or AOP, soit 5 centimes par kilo de lait. « Cette mesure devrait nous faire faire économiser une centaine de millier de francs par année. Ce qui permettra à moyen terme de reconstituer le fond destiné à garantir la sécurité alimentaire du produit et d’inverser définitivement la tendance ! », conclut Philippe Berthoud.
Une inversion de tendance qui ne pourra être confirmée qu’une fois la saison 2013-2014 clôturée. En attendant, la commercialisation des premiers Vacherins Mont-d’Or désormais AOP est fixée au 12 septembre et la grande fête annuelle se fera, elle, le 21 septembre.
Vincent Bailly / AGIR