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Les expériences du Maroc et de la Côte d’Ivoire
Dans le monde entier, les produits du terroir sont porteurs de valeurs telles qu’authenticité, tradition, typicité et savoir-faire. Selon Bernard Lehmann, nouveau directeur de l’Office fédéral de l’agriculture, «L’important, c’est de créer une différenciation du produit et surtout de susciter une préférence chez le consommateur».
Le Maroc, qui a choisi de faire de l’agriculture son principal moteur de croissance pour les quinze ans qui viennent, est le premier pays africain à disposer d’une législation sur les Appellation d’origine protégée (AOP) et les Indications géographiques protégées (IGP), au contraire de la Côte d’Ivoire qui ne s’est pas engagée dans cette voie.
Le cas du Maroc…
Le secteur primaire représente au Maroc 19% du PIB et occupe 45% de la population active, assurant ainsi quatre millions d’emplois. Dix milliards d’euros vont être investis sur dix ans afin de développer l’agriculture dans ce pays où 70% des domaines disposent d’une surface inférieure à cinq hectares. Objectif, valoriser les produits du terroir pour améliorer la sécurité alimentaire de la population, garantir des emplois dans les zones rurales et lutter contre la précarité. Une stratégie qui porte le nom de «Plan Maroc Vert». Le pays compte 26 spécialités dont sept bénéficient d’ores et déjà d’une AOP ou d’une IGP.
«Nous voulons une agriculture entrepreneuriale, innovante, connectée au marché et créant de la valeur ajoutée», a affirmé Mohamed Ait Kadi, président du Conseil général de l’agriculture du Maroc.
… et celui de la Côte d’Ivoire
L’agriculture de la Côte d’Ivoire, qui représente pourtant 20% du PIB, ne bénéficie pas de la même considération. Moins de 2% du budget national y sont consacrés alors que 75% de la population en situation précaire se trouvent en milieu rural. Les cultures d’exportation, café et cacao par exemple, sont privilégiées alors que les cultures vivrières et les produits traditionnels sont considérés comme un secteur de seconde zone. La population elle-même s’en détourne alors que l’industrie s’approprie les indications géographiques pour une production de masse. «Le pays a raté le tournant de la valorisation des spécialités du terroir», a regretté Bassirou Bonfoh, directeur du Centre suisse de recherche scientifique de Côte d’Ivoire. Plusieurs produits typiques ont pourtant été identifiés, telles variétés de cacao, d’akpi (amande), d’igname, d’attiéké (couscous de manioc)…
«Nous voulons renforcer les projets liés aux indications géographiques car ce sont des instruments de développement économique pour les communautés rurales», a affirmé Olivier Girardin, directeur de la FRI, à l’origine de cette journée d’échanges. Les délégués africains espèrent quant à eux avoir jeté un pont avec notre pays pour renforcer le positionnement des IG sur le plan international, concrétiser des partenariats et favoriser des échanges commerciaux.
SC/KE/AGIR
Les conférences sont en ligne sur le site www.concours-terroir.ch/CMS/default.asp