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L'USPC fête 75 ans et part en croisade !
« Aujourd’hui, environ 80% des besoins suisses en champignons sont couverts par la production indigène. Les producteurs évoluent et se développent dans un marché quasiment non régulé. C’est une performance remarquable ! », a relevé Fritz Burkhalter, secrétaire de l’Union suisse des producteurs de champignons (USPC), qui rappelle que l’arrivée des hard-discounters allemands Aldi et Lidl en 2005 en Suisse a durablement changé la donne.
Prix européens cassés
« Avec leur politique de prix cassés, Aldi et Lidl envahissent le marché suisse avec des champignons importés d’Allemagne, des Pays-Bas ou plus encore, de Pologne, qui concurrencent directement la production indigène », souligne Fritz Burkhalter. S’appuyant sur les mémoires de deux étudiants de la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires (HAFL) de Zollikofen, le secrétaire souligne que les coûts de production en Allemagne sont inférieurs de 40 à 50% par rapport à ceux enregistrés en Suisse : « Nous ne pouvons lutter face à des niveaux de prix aussi bas ! Nous avons impérativement besoin d’un soutien de l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) !».
Conditions cadre en Suisse…
Depuis 2010, la production de champignons suisses est considérée comme une production agricole. Ce statut permet aux producteurs d’appliquer des conventions salariales moins contraignantes que dans d’autres secteurs d’activités. En revanche, il est toujours impossible de construire en zone agricole. « Seules les zones artisanales et industrielles peuvent être occupées, mais le coût au mètre carré est bien plus élevé, ce qui nous oblige à faire de très gros investissements pour agrandir nos surfaces de production », souligne Cédric Stadler, producteur à Aigle.
…et en Europe
L’Union européenne, de son côté, soutient massivement ses producteurs en les autorisant à construire en zone agricole, en subventionnant les investissements jusqu’à hauteur de 35% et en allouant 4,1% du chiffre d’affaires au maximum aux organisations de producteurs. A cela il faut évidemment ajouter les différences notoires au niveau des conditions salariales entre la Suisse et l’UE. « Un ouvrier agricole polonais touche environ 300 francs par mois, c’est dix fois moins qu’un de nos employés ! », précise Cédric Stadler.
Aucune protection
Les producteurs suisses de champignons évoluent donc dans un marché totalement libéralisé sans protection à la frontière, sans quotas ni taxes à l’importation. « Des discussions sont en cours avec l’OFAG afin que notre production soit mieux reconnue et protégée. Les premières mesures ne devraient cependant figurer que dans la prochaine politique agricole, soit dès 2017 si nos revendications sont entendues », souligne Fritz Burkhalter.
Contrat de confiance
Actuellement, la branche bénéficie d’une bonne assise en Suisse grâce, en particulier, à la fidélité des grands distributeurs Migros et Coop. « Même si nous n’avons signé aucun contrat commercial avec eux, les échanges sont basés sur la confiance. 60 à 70% de notre production leur sont destinés et nous faisons le maximum pour satisfaire nos partenaires. Cependant, l’avenir reste incertain pour notre secteur car si l’un ou l’autre des grands distributeurs nous lâche ou augmente massivement sa part de produits importés, c’est la fin de la production suisse de champignons », constate Cédric Stadler. « C’est pourquoi, nous nous interrogeons quotidiennement sur la nécessité, ou pas, d’investir dans notre centrale de production tant la situation à moyen terme est floue. A quoi bon engager des millions si notre production n’est pas protégée par nos autorités et, par conséquent, vouée à disparaître », conclut-il.
Vincent Bailly/AGIR
Trois générations au service des champignons
Chez les Stadler, le champignon de Paris est une histoire de famille. Fondée en 1943 par Armin Stadler, l’entreprise prend ses quartiers dans l’ancienne parqueterie de la ville d’Aigle. Dès ses débuts, elle est alimentée grâce à la turbine hydraulique existante, lui assurant une totale autonomie en électricité. Cette politique énergétique accompagnera l’entreprise tout au long de son développement et ce, jusqu’à nos jours où 100% de l’électricité consommée est hydraulique. Le fils d’Armin, Raymond, reprend la société en 1973 et la développe. La production passe alors de 12'000 kg par année à plus de 200'000. Puis Cédric Stadler, le petit-fils et actuel directeur, se joint à l’aventure. L’entreprise opère alors une nouvelle mue. De nouvelles cellules de production sont construites en 1990, en 1994 et en 2007, faisant passer la production à plus de 750'000 kg par an. Employant 53 collaborateurs, la société sert également de centrale : producteurs de la région et fournisseurs suisses livrent leurs champignons de Paris, pleurotes, shiitake et autres shimeji à Aigle où ils sont conditionnés, stockés et livrés dans toute la Suisse romande. La production se répartit entre les grands distributeurs que sont Migros et Coop (60-70%) et Manor, Aligro, les primeurs et la restauration qui regroupent les 30 à 40% restant.
75 ans de défense professionnelle !
L’Union suisse des producteurs de champignons (USPC) a été créée en 1938. Financée par les dix plus gros producteurs de champignons de Suisse, elle a pour mission de promouvoir les ventes, d’assurer le marketing de la marque « Champignons suisses » et de défendre les intérêts de la branche.
Tout sur les champignons suisses
L’Union suisse des producteurs de champignons (USPC) a conçu et édité une mini-brochure de 36 pages richement illustrée et intitulée « Champignons suisses ». Diffusée par l’Agence d’information agricole romande (AGIR), cette publication de poche livre des renseignements d’ordre général sur les champignons indigènes ainsi qu’un éclairage sur les espèces les plus courantes : champignon de Paris, pleurote, shiitake, pleurote du panicaut, grifola et autres shimeji. Chaque description s’accompagne d’une délicieuse recette mettant en valeur les qualités particulières du champignon concerné. Trucs et astuces culinaires complètent des conseils pratiques sur la conservation, le nettoyage, la préparation et l’entreposage des champignons suisses. Une liste de sites internet relatifs à cette production conclut ce petit ouvrage pratique à mettre entre toutes les mains. Le document est disponible gratuitement auprès de l’Agence AGIR.
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