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Protection des abeilles : Mise au point d’une stratégie nationale
« Pour l’agriculture, il est essentiel que les colonies d’abeilles restent en bonne santé. La récolte d’une multitude de plantes cultivées – baies, fruits, légumes ou colza pour n’en citer que quelques-unes – dépend entièrement d’une pollinisation aussi complète que possible au moment de la floraison », a tenu à rappeler, cette après-midi, Markus Ritter, président de l’Union suisse des paysans (USP). Pour faire face à la mortalité croissante des abeilles, l’USP s’est donc associée au Service sanitaire apicole apisuisse et au Centre de recherches apicoles Agroscope (CRA). « Afin de comprendre le phénomène complexe de la disparition des abeilles et de mettre au point des mesures efficaces pour le combattre, il est indispensable d’avoir une stratégie globale et de mobiliser des ressources supplémentaires », a souligné Jacques Bourgeois, directeur de l’USP.
Menaces diverses
Si tous les apiculteurs s’accordent sur le fait que le varroa, un acarien parasite, représente un véritable fléau pour les colonies, la mort d’un nombre croissant d’abeilles est vraisemblablement la résultante de facteurs conjugués. « Nous ne savons pas grand-chose de l’impact combiné des facteurs tels que le climat, l’absence de nourriture, les maladies et les insecticides sur les abeilles, ni dans quelles mesures ils renforcent le mauvais impact du varroa», précise Ruedi Ritter, directeur d’apisuisse. D’où la nécessité d’effectuer rapidement des travaux de recherches scientifiques dans le domaine apicole s’accordent à dire tous les partenaires.
Insecticides utiles mais…
Si le rôle négatif des insecticides sur le développement et la survie des colonies devient de plus en plus évident pour nombre d’apiculteurs et de scientifiques, aucune étude n’a formellement incriminé ces substances. Et, du côté de l’agriculture, leur utilité est avérée, comme l’explique Markus Ritter : « Les produits phytosanitaires assurent les rendements de la production agricole. Nous ne devrions donc pas fondamentalement les remettre en question mais plutôt en optimiser l’usage dans une optique d’efficacité mais aussi de réduction des risques». Et Jacques Bourgeois de compléter : « Des études scientifiques de terrain s’imposent de toute urgence pour que la protection des végétaux puisse contribuer de façon durable à une production agricole sûre, tout en assurant la protection des abeilles ».
Des arguments qui n’ont pas empêché le Conseil fédéral de récemment s’aligner sur l’Union européenne en interdisant dès le 1er décembre prochain trois substances présentes dans des pesticides commercialisés par le groupe bâlois Syngenta et l’Allemand Bayer.
Manque de moyens
« Face à la pluralité des menaces actuelles et futures, notre centre doit être en mesure de proposer des solutions à temps. Mais appréhender la santé d’une colonie d’abeilles est aussi complexe que de le faire pour une ville de taille moyenne ! », explique Peter Gallmann, directeur du Centre de recherches apicoles (CRA). « Face à cette complexité nous manquons d’infrastructures et de moyens en personnel ! », ajoute-t-il.
Un message clair que l’USP et ses partenaires vont tenter de faire passer auprès des parlementaires fédéraux. Trois motions ont ainsi été déposées début mai afin d’assurer à la recherche scientifique les moyens de trouver des solutions pour protéger durablement les abeilles.
Vincent Bailly / AGIR