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Sans innovation pas de croissance !
« Penser innovation est aussi important pour votre exploitation que penser croissance ! », a souligné d’entrée Markus Ritter, président de l’Union suisse des paysans (USP) dans son discours d’ouverture du 2ème Congrès des jeunes agriculteurs. « Chaque exploitation est différente, il est par conséquent crucial de développer au mieux les spécificités de chacune pour en assurer la pérennité », a-t-il ajouté, bien en phase avec le thème de la journée : « La croissance !? – Opportunités, risques et alternatives ».
Bien connaître ses clients
Premier invité externe à prodiguer ses conseils, Kurt Schär, directeur de l’entreprise Biketec AG, a mis en avant l’intérêt de connaître le marché dans lequel chaque entrepreneur évolue : « Il est très important d’identifier les besoins et les attentes des consommateurs. Pour assurer la croissance de son entreprise, ne proposez pas un produit dont vos clients ont besoin mais un produit dont ils ont envie ! Le prix ne jouera alors qu’un rôle secondaire ». Mais la réussite passe souvent par des expériences plus douloureuses : « Il faut impérativement identifier assez tôt les risques afin de pouvoir se préparer à l’éventualité d’un échec. Cependant, prendre des risques peut également vous offrir des opportunités de réussite », souligne l’entrepreneur qui emploie désormais 200 collaborateurs et a produit, en 2012, plus de 50'000 vélos électriques dont la moitié est exportée à l’étranger.
Mécanisation et synergies
Pour le Dr. Johann Habermeyer, du Cercle bavarois d’utilisation de matériel agricole et de dépanneurs agricoles : « La baisse constante du nombre d’exploitations fait augmenter la pénurie de main-d’œuvre. La machine est par conséquent le moteur nécessaire de l’évolution structurelle de l’agriculture moderne ». Mais une mécanisation de l’exploitation coûte cher et elle peut ne pas être assumée financièrement par un seul exploitant. « D’où la nécessité que les agriculteurs coopèrent entre eux et développent des solutions de partage du matériel agricole », a-t-il encore conseillé. Une des cinq thématiques traitées lors d’un séminaire dispensé l’après-midi par Nicolas Pavillard (voir sous-article).
Bilan en demi-teinte
Sur les bases de l’édition 2011, le 2ème Congrès des jeunes agriculteurs a su séduire un public… essentiellement alémanique. Avec la participation d’une petite dizaine de romands sur 110 participants, Olivier Kolly, vice-président de la Commission des jeunes agriculteurs (COJA), tire un bilan en demi-teinte : « Je félicite le comité d’organisation pour l’excellente préparation de cet événement et le choix des intervenants qui ont apporté leur expérience et nous ont donné de bonnes pistes de réflexion. Je regrette, en revanche, la très faible participation des Romands, malgré les moyens déployés pour les faire venir : annonce rapide du Congrès et traduction simultanée des exposés du matin. Mais cela n’a pas suffi. Nous devrons réfléchir à une solution lors de l’organisation d’un prochain rendez-vous qui aura lieu en 2015 pour rééquilibrer cette participation ! ».
AGIR
En association mais… Indépendant !
Nicolas Pavillard, agriculteur à Orges (VD), a présenté lors d’un séminaire mis sur pied dans le cadre du Congrès des jeunes agriculteurs, l’historique, la structure et le fonctionnement de l’Association du Grillon créée en 2006 avec deux autres agriculteurs-voisins.
« Cette association est le fruit d’une mise en commun de nos besoins respectifs ! », explique-t-il en introduction. « Mon père et moi manquions de temps pour nous occuper parfaitement de nos cultures à cause de la charge importante de travail liée à la gestion de l’entreprise familiale de travaux agricoles ; Jean-Pierre Wenger n’avait plus les moyens de payer un employé ; Christian Stähli souhaitait développer son activité agritouristique. »
En septembre 2006, Nicolas Pavillard leur présente son travail de diplôme sur les « Nouvelles formes de collaboration », ils se donnent un mois de réflexion « Après trois jours nous savions que s’associer était une excellente solution mais nous avons tenu jusqu’à la fin du mois pour en reparler ! » En octobre le projet démarre : « Nous avons créés un contrat de société simple pour communauté partielle et sommes partis sur une unité de production de 150 hectares de terres assolées. Nous avons également élaboré une planification commune de la rotation, de l’achat des intrants et de la vente des récoltes. Les paiements directs sont attribués comme auparavant à chaque exploitant ».
Les années passent et avec elles le sentiment d’avoir fait le bon choix : « La flexibilisation du temps de travail a eu pour effet immédiat de nous laisser plus de liberté pour nos activités annexes. Nous avons également remarqué une meilleure gestion de notre stock commun, la diminution des coûts de main-d’œuvre temporaire, une meilleure utilisation de notre parc de machines… ».
Si cette solution comporte de très nombreux avantages sur le plan de la gestion des exploitations, elle n’est envisageable que si les partenaires se connaissent bien : « La communication est indispensable. Nous nous rencontrons une fois par semaine pour tout gérer et mettre à plat tous les problèmes. Il est impératif d’accepter de se remettre en question, d’accepter ses erreurs et celles des autres et de respecter les avis et les personnalités de chacun ! ».
« Les jeunes agriculteurs doivent se regrouper ! »
La Commission des jeunes agriculteurs (COJA) a été créée en 2006 par l’Union suisse des paysans (USP). Regroupant quatorze membres provenant de toutes les régions suisses, cette commission représente le porte-voix de la jeunesse agricole. Formation, politique agricole, enjeux et défis futurs… sont autant de sujets traités lors des huit séances annuelles dirigées par son président Hansueli Rüegsegger (BE). Depuis le 17 novembre 2011, la COJA a obtenu un siège au sein du comité de l’USP occupé depuis par Olivier Kolly vice-président de la COJA et jeune agriculteur d’Albeuve (FR). « Ce siège représente une belle reconnaissance pour les jeunes agriculteurs mais nous avons besoin d’une mobilisation plus forte. Nous appelons donc les agriculteurs de moins de 31 ans à se regrouper et mettre sur pied des structures cantonales à l’exemple de celle créée en février 2012 dans le canton du Jura. Ce n’est qu’en augmentant notre nombre dans des structures bien établies que nous arriverons à mieux légitimer notre présence au sein du comité de l’USP », explique Olivier Kolly.