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Une croisière-dégustation pour le retour de son appellation
« Notre économie, notre terroir a besoin de locomotives et vous êtes, vous les vignerons du Dézaley, ceux qui mettez le charbon dans la chaudière. N’oublions pas que derrière chaque verre de vin il y a une année de travail et malgré la modestie qui nous habite, soyons fier de nos produits car ils sont excellents !», a tenu à préciser Philippe Leuba à l’occasion de la croisière Dézaley n’Jazz organisée par ses vignerons pour célébrer le retour de leur AOC perdue en 2009.
Souci de simplification
Une décision du Conseil d’Etat qui avait alors souhaité, par souci de simplification, ne conserver que les six appellations principales : La Côte, Lavaux, Chablais, Côte-de-l’Orbe, Bonvillars et Vully. Faisant ainsi perdre au vignoble du Dézaley son AOC inscrite pourtant dans la loi cantonale de 1949. Mais une demande de la Commission interprofessionnelle du vin vaudois (CIVV) a permis aux vignerons du Dézaley et du Calamin de récupérer l’appellation « AOC Grand Cru » en mars 2013.
Vignoble unique
Invités de marque, Paolo Basso, meilleur sommelier du monde 2013, et Georges Wenger, chef doublement étoilé au Noirmont, étaient également à bord. Avant de diriger une verticale de six millésimes de 1966 à 2010, le premier a tenu à rappeler son attachement pour ce vignoble qu’il a pu découvrir lors de ses débuts comme sommelier à l’Auberge du Raisin à Cully : « Plus je voyage dans le monde, plus je me rends compte que le Dézaley est un vignoble unique. Quant à ses vins, je suis à chaque fois surpris par leur exceptionnelle faculté à acquérir de nouvelles notes en vieillissant ». Pour le second, le manque de fierté des vignerons vis-à-vis de leurs propres produits reste un problème majeur de la branche. « Vous ne trouverez aucun grand cru de cette qualité et vendu à ce prix dans le monde. Dès lors unissez-vous pour mieux promouvoir vos excellents vins !», a tenu à rappeler le grand défenseur du chasselas.
Qualité incontestable
« Le Dézaley procure les conditions optimales pour fournir un grand vin ample, charpenté, généreux et apte au vieillissement. On retrouve des caractères brûlés, fumés, ainsi que des arômes d’amande, de miel et de caramel où percent des senteurs de fleurs et de fruits. Le chasselas trouve donc ici son terroir de prédilection », souligne le président de l’Appellation Dézaley Grand Cru, Jean-François Chevalley qui rappelle qu’en trustant les six premières places de la catégorie « Vieux millésimes » au dernier Mondial du chasselas, le Dézaley mérite que la qualité de sa production soit pleinement reconnue par le public.
Vincent Bailly / AGIR
Dieu et les vignerons
Le vignoble du Dézaley a été créé en 1134 par les moines de l’Abbaye de Montheron et ceux du couvent de Haut-Crêt aux Tavernes. Environ 120 propriétaires se partagent ses 54 hectares situés exclusivement sur le territoire de la commune de Puidoux. Parmi eux une soixantaine de vignerons encaveurs et de négociants en vin. Si le chasselas y est majoritairement représenté (90%), on peut également y découvrir des cépages rouges tels que merlot, gamay, pinot, cabernet-franc et syrah pour ne citer que les principaux. 65 Dézaley sont actuellement disponibles sur le marché. Amoureux de ce vignoble, Charles Ferdinand Ramuz, qui a vécu de 1914 à 1917 à Treytorrens écrivait : « Le bon Dieu à fait la pente, mais nous on a fait qu’elle serve, on a fait qu’elle tienne, on a fait qu’elle dure », marquant ainsi l’importance du travail des vignerons.