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Agriculture et génétique
13.10.2016 – Monsanto mise sur les "nouveaux OGM".
(ATS/AGIR) - Crispr-Cas9: derrière cet acronyme, se cache une technique permettant d'obtenir des OGM sans ajouter de matériel génétique étranger aux organismes vivants. Le géant Monsanto veut mettre la main sur cette innovation majeure dont l'innocuité reste toutefois sujette à caution. Le groupe américain de semences, en cours de rachat par le chimiste allemand Bayer, a en effet conclu récemment avec le Massachusetts Institute of Technology (MIT) de Boston un accord non-exclusif d'utilisation de cette technique à des fins agricoles. "Cette licence nous donne accès à un outil intéressant pour notre département grandissant de recherche sur l'édition génomique", a déclaré Tom Adams, responsable du département biotechnologie chez Monsanto. Grâce au Crispr, qui permet de couper l'ADN, les OGM seront élaborés de manière encore plus fine. Il sera par exemple possible de "casser un gène (d'une semence) qui permet à un champignon de se développer", explique Georges Pelletier, président du Conseil scientifique de l'AFBV (Association française des biotechnologies végétales). Cette technique permet aujourd'hui d'avoir une modification génétique extrêmement précise sans introduire un gène exogène, comme dans la transgénèse (OGM actuels)", explique Delphine Guey, du Gnis (Groupement national interprofessionnel des Semences et plants). Certains de ses partisans affirment donc que cette spécificité permet au Crispr de respecter davantage l'intégrité génétique d'une plante que d'autres techniques et pourrait donc recevoir un accueil moins méfiant que les OGM en leur temps. Mais pour plusieurs spécialistes, l'achat de cette licence s'apparente tout de même à un pari. Le cadre réglementaire qui s'appliquera au Crispr sur l'imposant marché européen reste incertain. En France, le Conseil d'Etat, saisi par la Confédération paysanne, a d'ailleurs décidé d'interroger la Cour de justice européenne sur ce sujet. "Une réflexion plus large de l'Union européenne sur les "new breeding techniques" (NBT, dont fait partie Crispr) et d'une manière générale sur l'innovation dans le secteur des semences est nécessaire et est en cours", rappelle Enrico Brivio, un porte-parole de la Commission européenne, dont l'avis sur le sujet a été repoussé à plusieurs reprises. Autre problème pour le Crispr, "il y a un flou artistique au niveau des droits d'usage", rappelle Georges Pelletier, faisant référence à la bataille judiciaire qui oppose les deux laboratoires revendiquant la découverte de cette technique. Elle oppose d'une part l'Américaine Jennifer Doudna, de l'Université de Californie à Berkeley, associée à la Française Emmanuelle Charpentier, d'autre part un jeune chercheur américain d'origine chinoise, Feng Zhang, du Broad Institute du MIT (Massachusetts Institute of Technology) à Harvard. Elle pourrait durer "vraisemblablement quelques années", selon l'un des protagonistes.
Auteur : ATS/AGIR
