Main Content
Agriculture - initiative sur les vaches à cornes
05.06.2018 – A l'instar du Conseil des Etats, le Conseil national a rejeté lundi, par 108 voix contre 42 et 33 abstentions, l'initiative populaire "pour la dignité des animaux de rente agricoles".
(ATS/AGIR) - Le texte de l’initiative populaire prévoit un soutien financier aux détenteurs de vaches, de taureaux reproducteurs, de chèvres et de boucs reproducteurs portant des cornes pour réduire le nombre d'éleveurs pratiquant l'écornage. Les initiants veulent promouvoir des formes d’exploitation particulièrement respectueuse des animaux. Tant le Conseil fédéral que le Conseil des Etats n’ont pas soutenu l’initiative. Ils n'ont pas voulu lui opposer un contre-projet. La législation en vigueur prévoit déjà des incitations financières. Elle permet également de protéger les animaux, a rappelé Pierre-André Page (UDC/FR) au nom de la commission.
Le texte peut paraître folklorique, mais il fait sens du point de vue de la protection des animaux, a contré Adèle Thorens (Verts/VD). Enlever les cornes est clairement douloureux et modifie l'apparence des vaches, a ajouté Beat Jans (PS/BS) au nom des socialistes. Leur dignité est ainsi blessée. La corne est un organe vivant traversé par des nerfs. Elle est brûlée à la racine au fer rouge, a expliqué Regula Rytz (Verts/BE). La bête conservera cette marque à vie. Ce à quoi Pierre-André Page a rétorqué que les éleveurs suisses suivaient une formation pour l'écornage et que cela se pratiquait sous anesthésie. "L'animal ne sent absolument rien."
"Les cornes leur permettent de communiquer entre eux. Elles sont utilisées dans les échanges sociaux ou le toilettage", a encore souligné Adèle Thorens. Et Pierre-André Page de lui répondre que la hiérarchie se faisait naturellement, aussi sans cornes. De plus, certaines espèces naissent génétiquement sans cornes.
Si l’initiative était mise en œuvre, les animaux à cornes risqueraient d'être détenus dans des étables à stabulation entravée pour des questions de sécurité, ce qui ne serait pas propice à leur bien-être, a pour sa part argumenté Olivier Feller (PLR/VD). Selon lui, l'initiative ne prévoit pas de concept global pour le bien-être de l'animal, et fait même passer à l'arrière-plan d'autres aspects. Le Vaudois a également rappelé que si les vaches à cornes sont plus nombreuses, le risque d'accident est accru. Elles peuvent se blesser ou blesser les autres animaux, les hommes, le paysan, le vétérinaire ou un passant. "Les cornes ne sont pas toujours en cause dans les accidents", a rappelé en vain Adèle Thorens. Les vaches peuvent aussi donner des coups de patte. De plus, l'initiative n'impose pas l'interdiction d'écorner, a ajouté Kathrin Bertschy (Vert'libéraux/BE). Elle veut juste soutenir les agriculteurs qui ne le font pas et qui doivent faire face à un surcoût, notamment en proposant des étables plus grandes pour que les vaches à cornes aient de la place. Mais ils resteront libres de choisir.
Pour l'UDC, le PDC et le PBD, le texte n'a pas sa place dans la constitution fédérale. Le PLR ne veut pas y ancrer l'obligation de soutenir les vaches à cornes. Pour le PDC, il s'agit d'une décision entrepreneuriale et personnelle de laisser les cornes aux vaches ou non sur une exploitation. Martin Landolt (PBD/GL) a lui regretté l'absence d'un contre-projet. Par ailleurs, le texte est lacunaire, a rappelé au nom du PLR Olivier Feller. Il exclut certains genres, comme les moutons. Pourquoi les traiter différemment, a-t-il demandé.
Le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann a lui exprimé sa sympathie pour les vaches à cornes. L'initiative bénéficie d'un capital sympathie certain. Toutefois, le Conseil fédéral rejette le texte. Son acceptation mènerait à l'introduction d'un nouveau paiement direct financé aux dépens d'autres dépenses.
C’est le peuple désormais qui aura le dernier mot.
Auteur : ATS/AGIR
