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Brexit
04.12.2017 – L’Irlande se fait du souci pour l’élevage de ses chevaux pur-sang.
(ATS/AGIR) – Alors que l'élevage de chevaux pur-sang constitue un des rares secteurs où l'Irlande peut légitimement figurer en première place, les représentants de cette filière équine d'élite s'interrogent aujourd'hui sur l'impact qu'aura la sortie des Britanniques de l'Union européenne (UE) sur ses exportations vers la Grande-Bretagne, son principal marché. C'est un secteur qui pèse plus de 1,8 milliard d'euros (presque 2,1 milliards de francs) et près de 30'000 emplois. En cause: l'éventuel retour d'une frontière entre l'Irlande et le Royaume-Uni, qui risquerait de provoquer un choc pour ces deux économies imbriquées. "Dans les campagnes, l’élevage est un énorme employeur", explique à l'AFP Harry McCalmont, propriétaire de Norelands Stud, un élevage irlandais de premier plan. Signe de cette inquiétude, le sujet était sur toutes les lèvres la semaine dernière chez Goffs, la plus grande maison de vente de chevaux d'Irlande, où les acheteurs du monde entier ont dépensé 41 millions d'euros pour s'offrir les plus belles bêtes. Pour Harry McCalmont, la sortie des Britanniques du giron européen signera tout simplement l'arrêt de mort de l'accord tripartite entre l'Irlande, le Royaume-Uni et la France qui organise la libre circulation des chevaux. Une fois le Royaume-Uni sorti du marché unique et de l'union douanière, les chevaux pourraient en effet être soumis à des contrôles de passeports, et leur transport retardé aux frontières. "Nous n'envisageons pas de changement entre l'Irlande et la France, mais le problème, c'est que nous devons traverser l'Angleterre (pour des questions logistiques). Donc s'il y a une vraie frontière, il y aura énormément de paperasse, de bureaucratie, peut-être des tarifs douaniers", souligne Harry McCalmont. Selon des chiffres du cabinet Deloitte, l'Irlande a vendu pour 169 millions d'euros de chevaux à l'Angleterre en 2016, soit la moitié des ventes aux enchères de races irlandaises. "Si l'Irlande occupe certainement une position de leader en Europe, sa prééminence n'est pas garantie", prévient Deloitte. Le patron de Goffs, Henry Beeby, dénonce, lui, un manque de clarté du gouvernement britannique quant à ses intentions sur la frontière, un dossier-clef de la première phase de négociation sur le Brexit. "Je pense qu'il y a un sentiment général de frustration et d'irritation", lâche-t-il. "C'est la peur de l'inconnu. Personne n'aime être dans le noir", poursuit-il en songeant aux petits éleveurs, ceux qui n'ont "qu'une ou deux juments", qui risquent de "souffrir". Henry Beeby pense que les éleveurs britanniques pâtiront eux aussi des soubresauts liés à la sortie de l'UE. "Ils ne peuvent pas seulement compter sur les poulains anglais, car ils ne produisent pas assez. Ils ont besoin d'importations, et la majorité viennent d'Irlande", note-t-il. En 2016, 9344 poulains sont nés en Irlande, contre 4663 en Grande-Bretagne.
Auteur : ATS/AGIR
