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Crise de l’eau en Afrique du Sud
19.03.2018 – L’agriculture est à la peine.
(ATS/AGIR) - Le Cap et sa région souffrent depuis trois ans d'une sécheresse exceptionnelle qui les a privés de l'essentiel de leurs pluies d'hiver. La menace du fameux "Jour zéro" ou "sans eau du robinet" et la perspective d'un rationnement des populations, agitée depuis des mois par les autorités, a été écartée pour cette année au prix d'une drastique réduction de la consommation des particuliers. Cependant, au milieu de sa propriété des environs du Cap, Marlize Jacobs s'inquiète. La sécheresse historique qui frappe la deuxième ville d'Afrique du Sud a mis ses vignes au supplice et menace désormais de mettre en péril toute son activité. "Notre tonnage recule pour la quatrième année d'affilée et la pénurie de vin menace", déplore la viticultrice, installée depuis plus de dix ans sur les coteaux d'ordinaire si verts de Vergenoegd. "Les coûts liés à l'eau ont presque doublé", soupire-t-elle, "nous n'utilisons que l'eau strictement nécessaire pour maintenir les vignes en vie, pas une goutte de plus".
L'agriculture et notamment la viticulture, qui fait le prestige de l'arrière-pays captonien et emploie des dizaines de milliers de salariés, sont soumis à rude épreuve. Le recul de ses activités pour cause de sécheresse a contribué, entre autres facteurs, à plonger l'Afrique du Sud dans une récession "technique" début 2017. En 2016, la région du Cap a fourni à elle seule 20% du vin et 16% des jus de fruits consommés dans les autres pays africains. Les vignes drainent également dans la région un fort contingent de visiteurs étrangers dont le flot est vital: le secteur du tourisme fournit 300'000 emplois à la région.
Pour convaincre les consommateurs de réduire leur usage d'eau, la municipalité a même eu recours à des experts universitaires en sciences du comportement. Ceux-ci ont planché sur la meilleure stratégie de persuasion ou d'encouragement. Avec succès, semble-t-il, puisqu'elle a permis de réduire la consommation des particuliers de 60% en trois ans. Les industriels eux-mêmes ont développé des stratégies alternatives pour économiser l'eau. Ingénieur à la centrale nucléaire de Koeberg, à 30 km au nord du Cap, Christopher Smith explique avoir mis au point une usine de désalinisation de l'eau de mer pour l'utiliser dans les systèmes de refroidissement des réacteurs. "Nous n'avions pas le choix, il fallait prendre le taureau par les cornes", explique-t-il. La direction de l'usine locale du géant de la bière AB InBev s'est refusée à tout commentaire sur les conséquences de la sécheresse pour ses activités, mais d'autres acteurs du secteur ont tous confié qu'un "Jour zéro" serait catastrophique. "S'il n'y a plus d'eau, toute l'industrie de la restauration va crever", résume sans fioriture Raphael Clistini. Dans son nouveau bar des docks du Cap, il sert un gin produit dans une distillerie de la ville qui pourrait bientôt être contrainte de faire venir son eau de Johannesburg, à 1400 km de là. "Ca va encore faire grimper les prix", soupire-t-il déjà.
Auteur : ATS/AGIR
