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Environnement - Canicules marines
16.08.2018 – Blanchiment des coraux, algues toxiques, impact sur la pêche... Sous l'effet du changement climatique, les épisodes de canicule marine augmentent et vont se multiplier, menaçant les écosystèmes marins, mettent en garde des scientifiques.
(ATS/AGIR) - A partir de données satellites mesurant la température à la surface des océans, une étude publiée aujourd’hui dans la revue Nature constate un doublement entre 1982 et 2016 du nombre de jours où la mer était plus chaude que la normale. Ce n'est pas la première fois que les scientifiques constatent que ces vagues de chaleur marine, qui peuvent être liées à la variabilité naturelle du climat, sont plus fréquentes et plus longues ces dernières décennies. Mais "pour la première fois", l'étude montre que "ce changement est très probablement lié au réchauffement climatique" provoqué par l'homme, explique à l'AFP l'auteur principal Thomas Frölicher, de l'Institut de physique de l'université de Berne. Les chercheurs estiment que ces canicules marines seront encore plus fréquentes, plus intenses et plus étendues. Cette tendance s'accélérera avec l'augmentation de la température de la planète. Le nombre de jours où se produiront des températures anormalement chaudes dans les océans passera de 33 aujourd'hui à 84 si la planète se réchauffe de 2°C et 150 à 3,5°C. La surface affectée par ces canicules marines a déjà été multipliée par trois, elle le sera par 9 par rapport à l'ère pré-industriele à +2°C et par 21 à +3,5°C. Et les vagues de chaleur dureront aussi plus longtemps en moyenne: 25 jours aujourd'hui, 55 jours à +2°C et 112 jours à +3,5°C. Les zones les plus touchées devraient être les eaux tropicales du Pacifique Ouest et les océans arctiques, comme c'est déjà le cas aujourd'hui.
D’autres recherches ont aussi montré que ces vagues de chaleur marines ont entraîné des floraisons d'algues toxiques ou une mortalité importante d'espèces de poissons destinés à l'alimentation, "avec des impacts en cascade sur les économies et les sociétés", souligne l'étude. En 2012, dans le nord-ouest de l'Atlantique, des eaux anormalement chaudes ont par exemple provoqué une migration inhabituellement précoce des homards "à un moment où la chaîne logistique (pour leur vente) n'était pas prête", explique Thomas Frölicher. "Les prises records ont dépassé la demande et contribué à la chute des prix et à la perte de millions de dollars pour l'industrie de la pêche", souligne-t-il.
Auteur : ATS/AGIR
