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Grands animaux terrestres
26.03.2018 – La majorité des 101 espèces de grands herbivores et carnivores terrestres sont en danger et certaines sont déjà condamnées à l'extinction, selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN).
(ATS/AGIR) – Les scientifiques sont d'accord pour dire qu'une nouvelle "extinction de masse" a commencé, qui voit des espèces de toutes sortes et de toutes tailles disparaître 100 fois plus vite que la normale. Fauves, ours, loups, mais aussi bisons, zèbres, rhinocéros, éléphants, girafes, hippopotames, grands singes... Selon la définition communément acceptée, la "mégafaune" terrestre inclut les carnivores d'au moins 15 kilogrammes et les grands herbivores de plus de 100 kilogrammes, soit environ 101 espèces. "Les scientifiques en charge de la conservation vont bientôt être occupés à écrire des nécrologies pour des espèces ou des sous-espèces de mégafaune au fur et à mesure qu'elles disparaissent de la planète", se lamente Bill Ripple, de l'université de l'Oregon, principal auteur d'un appel signé en décembre par plus de 15'000 de ses collègues mettant en garde l'humanité.
Trois cinquièmes de ces créatures emblématiques sont classées comme menacées par l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN), dont plus d'une dizaine dans la catégorie "en danger critique" ou "éteinte à l'état sauvage". Les spécialistes, autrefois mesurés, ne mâchent plus leurs mots. Pour les uns, l'antilope Addax du Sahara est "vouée à l'extinction". Pour d'autres, le gorille de l'Est, aussi chassé pour sa viande, "n'est qu'à un pas" de la disparition, comme les orangs-outans de Bornéo et Sumatra. La semaine dernière, Sudan, le dernier mâle rhinocéros blanc du Nord est mort à l'âge de 45 ans dans un zoo au Kenya, alors qu'il restait encore au moins 700 de ses congénères dans la nature au moment de sa naissance. Les populations de lions, rhinocéros et guépards ont aussi chuté de plus de 90% au cours du siècle dernier; le nombre de girafes, désormais classées "vulnérables", a baissé de 40% en 30 ans; et 30% des ours polaires risquent de disparaître d'ici au milieu du XXIe siècle. "Il est très possible que nous voyions ces géants s'éteindre dans la nature pendant notre vie, sous nos yeux", explique la directrice de l'IUCN Inger Andersen. Et le contexte plus large n'est pas encourageant.
Aujourd'hui, la mégafaune est victime de risques multiples, liés à l'expansion humaine, de la perte de son habitat au braconnage, en passant par les conflits avec l'élevage, et, par exemple, pour l'ours polaire, le changement climatique. "La première menace à laquelle fait face la faune d'Afrique est que nous la mangeons", note Paul Funston, directeur du programme lions de l'ONG Panthera. Une situation décrite dans certaines zones comme "le syndrome de la savane silencieuse".
Malgré le constat lugubre, les défenseurs de l'environnement ne perdent pas espoir. Ils ont permis à certaines espèces de se reprendre du poil de la bête. Mais ils doivent aussi être réalistes, souligne par exemple Michael Knight, qui dirige le groupe de l'IUCN chargé des rhinocéros africains. "L'Afrique ne correspond plus au rêve de paysages ouverts où courent des animaux sauvages", insistent-ils. Et dans 50 ans, "les défis vont être dix, ou peut-être cinquante fois, plus difficiles". Pour Paul Funston, la solution viendra d'investissements stratégiques dans des parcs nationaux, alors que des études montrent un lien entre les sommes investies au km2 et les taux de survie des espèces protégées. "Nous sommes presque prêts pour le triage", explique-t-il. "Pour les lions, c'est fait, nous avons identifié 14 zones-clés où l'argent doit être concentré". Mais "nous avons un besoin urgent de nous éloigner d'une approche par espèce", insiste l'expert.
Auteur : ATS/AGIR
