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Hernàn Ortiz Zaracho a posé ses valises sur un alpage valaisan en juin dernier…
28.08.2018 – Il en repartira dans quelques semaines, une formation de fromager en poche. Une expérience que le Paraguayen n'est pas prêt d'oublier.
(ATS/AGIR) - Au bout de la route sinueuse, niché à 2000 mètres d'altitude dans un écrin de verdure et d'imposants pans rocheux: l'alpage de Serin. Il est 08h30. Hernàn Ortiz Zaracho est au travail depuis l'aube. Comme tous les jours depuis la mi-juin, il apprend les secrets de fabrication d'un fromage à raclette AOP, régulièrement primé. Tablier, bottes blanches et couvre-chef de rigueur, il sort le fromage de la grande cuve en cuivre à l'aide d'un grand tissu blanc, avant d'en placer des morceaux dans des moules. Le savoir-faire et les gestes précis qui vont avec, Hernàn les a appris avec Simon Bertschy. "Il est gâté, il dispose avec Simon d'un formateur très compétent", glisse à Véronique Salamin (Keystone-ATS) Stéphane Cotter, président du consortage qui gère cet alpage d'Ayent où travaillent cinq employés et paissent quelque 130 vaches.
Mais le chemin du Paraguayen n'a pas été une balade de santé. Arrivé en Suisse avec deux autres compatriotes, il a d'abord suivi une formation de trois semaines à l'Ecole d'agriculture du Valais. Puis, chacun a rejoint un alpage. Et là, "ça a été très dur", déclare Hernàn, le visage soudain fermé. Le jeune homme de 26 ans se sent seul, très seul. La vie spartiate sur l'alpage lui paraît triste, et les Suisses "froids et sérieux". Son français balbutiant l'empêche de communiquer et son appétit est en berne. Les problèmes d'Hernàn surprennent et affectent toute la petite communauté qui gravite autour de l'alpage. Simon, qui forme le jeune homme et parle un peu espagnol, le prend sous son aile: "J'ai essayé de le mettre à l'aise et dans l'esprit du groupe. Au début, il avait de la peine à rigoler, maintenant ça va mieux".
Aujourd'hui, arrivé bientôt au terme de l'expérience, Hernàn se réjouit de tout ce qu'il a appris en Suisse et du salaire d'ouvrier reçu. Maîtriser les soins au bétail, la traite, le parcage des bêtes, mais aussi et surtout la fabrication du fromage, sa qualité et sa traçabilité. Tout cela va l'aider lorsqu'il rentrera au pays où il prévoit de travailler dans une fromagerie. "Le Paraguay produit beaucoup de lait mais fabrique peu de fromage, qu'il importe d'Argentine. Il y a donc des opportunités pour moi, notamment dans la fabrication de fromage affiné que j'ai apprise ici", estime-t-il.
Début septembre, les acteurs de cette première expérience, soutenue notamment par l'ambassade du Paraguay, tireront un bilan. "Il est encore trop tôt pour dire si elle sera reconduite", indique Jean-Marc Zufferey, conseiller en économie laitière au service valaisan de l'agriculture. Quant à Hernàn et ses compatriotes, ils repartiront au Paraguay à fin septembre.
Auteur : ATS/AGIR
