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Impact des espèces invasives plus large que supposé
05.04.2024 – Les espèces envahissantes influencent la biodiversité à une échelle supérieure à celle estimée jusqu’à présent. Selon une étude de l’institut de recherche sur l’eau Eawag et de l'Université de Zurich, l’impact négatif peut s’étendre jusqu'à 100 kilomètres des écosystèmes qu'elles ont pénétrés.
La postdoctorante Tianna Peller et Florian Altermatt, responsable de groupe à l’Eawag et professeur d’écologie aquatique à l’Université de Zurich, ont réuni pour la première fois dans une vue d’ensemble mondiale des exemples d’impacts inter-écosystémiques des espèces invasives.
Dans la nature, les interactions entre écosystèmes sont courantes, elles relient par exemple forêts et lacs, prairies et rivières, récifs coralliens et mer profonde. Les deux scientifiques montrent dans leur travail que les espèces envahissantes influencent ces interactions de trois manières différentes.
Premièrement, elles peuvent modifier la quantité d’organismes et de matériaux qui s’écoulent au-delà des écosystèmes. Deuxièmement, elles peuvent modifier la qualité de ces courants, ce qui peut notamment avoir une influence sur la valeur de ceux-ci pour les animaux qui s’en nourrissent.
Et troisièmement, les espèces envahissantes peuvent provoquer de nouveaux courants spatiaux qui n’existaient pas avant l’invasion de l’espèce, par exemple via des substances végétales secondaires produites par des plantes terrestres invasives qui pénètrent les écosystèmes aquatiques.
De ce fait, les espèces envahissantes peuvent avoir un impact écologique jusqu’à 100 kilomètres au-delà de l’écosystème dans lequel elles pénètrent, a indiqué l'Eawag dans un communiqué.
De l’Himalaya à la Suisse
Un exemple en Suisse montre à quel point les espèces envahissantes peuvent introduire de nouveaux courants spatiaux entre les écosystèmes. L’introduction de la balsamine originaire de l’Himalaya (Impatiens glandulifera) a entraîné le lessivage dans les écosystèmes aquatiques voisins des substances végétales secondaires produites par cette espèce, nuisant ainsi à la croissance et au taux de reproduction d’organismes aquatiques.
La truite de lac invasive (Salvelinus namaycush) aux États-Unis est un autre exemple notable pour la cascade d’effets spatiaux que peut provoquer une espèce envahissante. Elle mange la truite indigène Yellowstone-Cutthroat, ce qui a interrompu sa migration des lacs vers les rivières. Cela impacte les cycles des nutriments et les réseaux trophiques dans les rivières, mais aussi à terre.
Globalement, cette étude publiée dans la revue Nature Ecology & Evolution souligne l’importance de prendre en compte le contexte géographique global pour évaluer les conséquences écologiques d’espèces envahissantes.
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)