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La Suisse romande, terre d'oliviers en devenir
10.07.2025 – La culture de l'olivier se trouve à un tournant en Suisse romande. Une association devrait voir le jour prochainement pour fédérer des producteurs de plus en plus nombreux, séduits par les avantages d'une culture qui s'adapte au changement climatique.
Cette "association suisse de l'olive", qui pourrait voir le jour d'ici la fin de l'été, devrait réunir une trentaine de producteurs, explique Frank Siffert, l'un des pionniers de l'olive en Suisse romande, interrogé par Keystone-ATS.
L'objectif de cette structure sera de "développer toute la filière", de la production à la distribution en passant par la promotion, ajoute l'agriculteur bio de Bonvillars (VD). Le projet, soutenu par BioVaud, vise aussi à sélectionner les variétés les mieux adaptées aux conditions locales.
Longtemps "anecdotique", la production d'olives en Suisse romande devrait "bondir" ces prochaines années, estime Frank Siffert. Selon lui, il pourrait y avoir "jusqu'à 20'000 oliviers" d'ici la fin 2026 en terre romande, deux fois plus qu'aujourd'hui. "Nous allons largement dépasser le Tessin", où la culture de l'olive est établie depuis plusieurs années, affirme-t-il.
Atouts multiples
Dans son domaine agri-viticole, connu notamment pour sa production de truffes, Frank Siffert a déjà mené plusieurs expériences avec ses oliviers. Et il ne tarit pas d'éloges sur "cet arbre increvable", qui résiste bien à la sécheresse et vit de longues années.
L'olivier nécessite "assez peu d'entretien" et n'a pas besoin de traitement chimique particulier: "Tant que nos hivers seront encore assez froids, nous ne subirons pas les principales maladies de l'olivier", explique-t-il.
L'agriculteur vante aussi l'ombrage particulier de l'olivier. Il laisse passer "une lumière diffuse" et se prête ainsi parfaitement à l'agroforesterie, une technique qui combine arbres et cultures agricoles sur une même parcelle. Frank Siffert imagine déjà, "comme au temps des Romains", de longues haies d'oliviers pousser au milieu de grandes cultures.
Rien ne se perd
Les débouchés sont aussi nombreux, entre huiles diverses et simples olives à croquer. Les feuilles peuvent servir pour des tisanes ou comme plantes médicinales. Le bois s'utilise également, tout comme le résidu du pressage, lequel sert par exemple à nourrir les moutons. "Il n'y a aucune perte, on peut tout faire!", s'enthousiasme Frank Siffert.
Pour l'agriculteur vaudois, la production romande se distinguera de celle des grands producteurs méditerranéens, dont il juge la qualité parfois douteuse. "Nous avons une excellente carte à jouer en misant sur le 'Swiss made', la qualité et l'attrait pour les produits locaux", estime-t-il.
Selon Frank Siffert, la culture des oliviers peut notamment aider les vignerons à diversifier leurs revenus. Citant les difficultés du secteur viticole, en particulier la baisse de la consommation du vin suisse, il appelle ses collègues à "chercher des alternatives et de nouveaux débouchés".
Recensement
Ces prochaines semaines seront aussi marquées par un recensement de ce qui est planté actuellement en Suisse. Cette "vaste collecte" est programmée pour cet automne et s'intéressera particulièrement aux oliviers plantés il y a plus de 13 ans, et qui ont donc passé l'hiver 2012, lequel a été spécialement rigoureux, explique Frank Siffert.
L'idée consiste à faire "un état des lieux" alors qu'environ 150 à 200 variétés d'oliviers "se baladent" actuellement dans le pays, ajoute-t-il.
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)
