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Le réchauffement désynchronise plantes et micro-organismes
05.08.2025 – Un groupe de recherche international co-dirigé par l'Université de Berne a découvert que les micro-organismes du sol décalent davantage leur rythme saisonnier que les plantes en réaction au réchauffement climatique. Ce phénomène pourrait perturber des processus essentiels des écosystèmes, selon ces travaux publiés dans la revue Nature Geoscience.
La plupart des êtres vivants suivent un certain rythme au cours de l'année, qui détermine par exemple le moment où ils se reproduisent, où ils entrent en hibernation, ainsi que d'autres processus vitaux importants. Ce déroulement régulier, appelé phénologie, est important pour la survie des espèces et le fonctionnement des écosystèmes.
Alors que les décalages phénologiques chez les plantes et les animaux ont été bien étudiés, on ne savait pas jusqu'à présent dans quelle mesure le réchauffement climatique affecte la phénologie des micro-organismes du sol, a indiqué mardi l'Université de Berne dans un communiqué.
Un groupe de recherche de l'Université de Lanzhou en Chine, de l'East China Normal University et de l'Université de Berne s'est penché sur la question. Les résultats montrent que la phénologie microbienne des sols est plus fortement décalée par le réchauffement climatique que celle des plantes.
Cet écart, qui n'a pas été pris en compte jusqu'à présent, pourrait avoir des conséquences négatives sur les capacités des écosystèmes, comme le stockage de carbone ou le recyclage des nutriments, selon les auteurs.
Décalages cohérents
Pour arriver à ces conclusions, les scientifiques ont effectué une méta-analyse d'environ 1000 études ayant montré des décalages phénologiques dans la respiration végétale ou microbienne du sol en réaction au réchauffement dans différents écosystèmes.
La respiration végétale et microbienne du sol est la libération de dioxyde de carbone (CO2) par le sol, causée d'une part par la respiration cellulaire des racines des plantes (végétale) et d'autre part par la décomposition de la matière organique par les micro-organismes (microbienne). Selon les conditions environnementales et les saisons, la respiration du sol varie et constitue un indicateur-clé important de l'activité biologique.
"L'utilisation de données sur la respiration du sol comme marqueur phénologique nous a permis de détecter des décalages subtils mais cohérents dans les rythmes biologiques, qui sont autrement difficiles à observer", explique Madhav P. Thakur, de l'Institut d'écologie et d'évolution de l'Université de Berne, codirecteur de l'étude.
En réponse au réchauffement, les micro-organismes commencent leur activité plus tôt au printemps et restent actifs plus longtemps que les plantes en automne. Ce décalage est particulièrement marqué dans les écosystèmes forestiers et dans les sols riches en carbone, typiques des régions plus froides.
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)
