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Les conséquences du changement climatique s'intensifient en Suisse
04.11.2025 – Moins de neige en hiver, des sécheresses sévères en été, des épisodes caniculaires extrêmes, de fortes mais brèves précipitations, voilà à quoi doit s'attendre la Suisse à l'avenir, selon le dernier rapport des scénarios climatiques de MeteoSuisse et de l'EPFZ. L'étude montre, en outre, que la Suisse est particulièrement sensible à la dérive climatique observée au niveau mondial.
"Les conséquences du changement climatique se sont intensifiées et se sont accélérées", a constaté la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider, mardi, devant les médias. Il n'y a aujourd'hui pas d'autres voies que de devoir s'adapter à ce nouvel environnement. Le rapport doit aider le gouvernement suisse dans sa stratégie.
Car la plupart des gaz à effet de serre (GES) qui participent au réchauffement de la planète restent très longtemps dans l'atmosphère. "Leurs effets s'accumulent pendant des décennies, des siècles, voire des millénaires", note le rapport. Revenir en arrière ne sera pas possible avant des générations.
Bien que ces résultats soient alarmants, ils ne signifient pas que l'on ne peut rien faire pour limiter les conséquences du changement climatique, a souligné la cheffe du Département fédéral de l'intérieur (DFI). Le fait d'émettre moins de CO2 et d'autres gaz à effet de serre permettra d'atténuer la dérive du climat.
Chaque dixième de degré fait une différence, a indiqué devant la presse le chercheur Reto Knutti, spécialiste du climat à l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ). La Suisse est particulièrement exposée au réchauffement en raison de sa situation géographique et de sa topographie, a expliqué le scientifique.
Presque 3 degrés
Aujourd'hui, le réchauffement en Suisse atteint déjà 2,9 degrés par rapport à l'ère préindustrielle, alors que la hausse moyenne de la température dans le monde s'élève entre 1,3 et 1,4 degrés. L'explication principale de cet écart est que les masses terrestres se réchauffent plus rapidement que les océans.
Avec les mesures actuellement prévues pour réduire les émissions globales de GES, le monde se dirige vers une augmentation d'environ 3 degrés d'ici à la fin du siècle. Ce scénario est le plus extrême envisagé par le rapport. S'il se réalisait, la Suisse ferait face, pour sa part, à une hausse des températures de 4,9 degrés.
Le rapport analyse aussi les conséquences d'une planète se réchauffant de 1,5 degré et d'une autre comptant 2 degrés supplémentaires. Mais qu'importe le scénario retenu, les changements observés jusqu'à présent se poursuivront à l'avenir et "la Suisse continuera à se réchauffer plus fortement que la moyenne mondiale".
Cette hausse des températures va accentuer certains phénomènes climatiques en Suisse. Dans un monde comptant 3 degrés de plus, le jour de l'année le plus chaud en Suisse serait ainsi plus chaud de 4,4 degrés, selon le rapport. Autant dire que le thermomètre afficherait 40 degrés dans certaines villes.
Les journées tropicales à plus de 30 degrés et les nuits tropicales où la température ne descend pas au-dessous de 20 degrés vont aussi devenir plus fréquentes au fil du temps. Les zones de plaine et les zones urbaines seront particulièrement concernées, l'univers minéral des villes étant propice à la création d'îlots de chaleur.
Etés plus secs
Par ailleurs, les sécheresses durant la période estivale vont devenir plus sévères. Elles pourront avoir des répercussions imprévisibles sur l'approvisionnement en eau, sur l'agriculture et la santé des écosystèmes. Les risques d'incendies de forêt sont aussi appelés à augmenter en parallèle.
Le réchauffement climatique conduira également, pendant l'été, à la multiplication de fortes précipitations de durée très brèves. Une pluie intense, tombant en grande quantité sur un très court laps de temps, peut causer d'importants dégâts comme des inondations et des glissements de terrain.
La hausse des températures en Suisse aura également des effets sur le niveau d'enneigement. Avec le scénario des 3 degrés, l'isotherme du zéro degré passerait de 900 environ à 1450 mètres, soit l'altitude de la station d'Andermatt (UR). La part de la neige diminuerait de 25% tandis que la quantité de pluie doublerait.
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)
