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L'initiative sur l'alimentation mal partie au National
10.12.2025 – Mercredi, tous les orateurs et oratrices ont fustigé le texte, qui contient des délais irréalistes et entraînerait trop de coûts pour l'Etat. La gauche et le PVL plaident pour un contre-projet.
L'initiative "Pour une alimentation sûre - grâce au renforcement de la production indigène durable, à davantage de denrées alimentaires végétales et à une eau potable propre" (initiative sur l'alimentation) a été déposée le 16 août 2024 par un comité citoyen. Elle demande notamment d'adapter la politique agricole, afin d'encourager la production et la consommation de denrées alimentaires végétales plutôt qu'animales.
Le texte veut également augmenter le degré d'autosuffisance de la Suisse, pour le faire passer de 46% à au moins 70%, préserver les ressources en eau souterraine et promouvoir une agriculture et un secteur agroalimentaire durables. Ces exigences doivent être atteintes dans un délai de dix ans.
Délai irréaliste
"L'initiative fait un constat que nous partageons tous", a déclaré Michaël Buffat (UDC/VD), citant une meilleure protection de l'eau et de l'agriculture ainsi que davantage de sécurité alimentaire. "Mais une bonne intention ne fait pas une bonne politique."
Tout le monde s'est accordé pour dire que le délai de dix ans était irréaliste. Pour atteindre les objectifs, il faudrait surexploiter les surfaces et la biodiversité en pâtirait, a estimé Claudia Friedl (PS/SG).
Le taux d'auto-suffisance de 70% a aussi été critiqué. Le taux actuel de 46% reflète ce que la réalité du terrain et les caractéristiques topographiques du pays permettent, a indiqué Olivier Feller (PLR/VD) pour la commission. Le taux de 70% n'a été atteint qu'une fois par la Suisse. C'était pendant la Seconde Guerre mondiale alors qu'il y avait 4 millions d'habitants et le rationnement alimentaire, a complété le co-rapporteur Martin Hübscher (UDC/ZH).
Il faudrait transformer drastiquement la production agricole et la chaîne agro-alimentaire. Pour ce faire, l'Etat devrait injecter massivement des moyens financiers pour amortir les investissements, ont relevé plusieurs orateurs.
Habitudes de consommation
Les habitudes de consommation devraient aussi être revues. Or la liberté de choix doit être laissée à la population. "Une Suisse qui mange suisse oui, mais une Suisse qui mange libre, pas une Suisse où l'Etat réécrit le menu", a lancé Céline Amaudruz (UDC/GE). Plusieurs élus de droite ont dénoncé une initiative idéologique qui veut imposer le véganisme.
Le texte ne parle pas des paysannes et des paysans, a encore avancé Rudi Berli (Vert-e-s/GE). Il s'est positionné en faveur d'un élevage diversifié, dans l'économie circulaire naturelle. Les animaux dans les pâturages favorisent aussi la biodiversité.
Pas question non plus de figer les évolutions technologiques dans l'agriculture. Céline Weber (PVL/VD) a encore refusé le tourisme d'achat "qui s'en frotterait les mains".
La gauche et le PVL sont aussi opposés à l'initiative. Mais ils jugent l'idée bonne, c'est pourquoi ils souhaitent un contre-projet direct limité à la préservation des écosystèmes et de la biodiversité ainsi qu'à la protection de la qualité des eaux, de la fertilité des sols et de la biodiversité. Ces thématiques doivent être prises en considération dans le cadre de la politique agricole 2030+.
Les débats se poursuivront mercredi prochain 17 décembre. Le Conseil fédéral est aussi opposé à l'initiative.
Pas à l'abri de crises
L'initiative émane de Franziska Herren, de l'association "De l'eau propre pour tous", et de six autres personnes. Mme Herren était déjà la cheville ouvrière de l'initiative sur l'eau potable, rejetée en juin 2021.
Pour les initiants, la Suisse ne peut pas garantir la sécurité alimentaire de sa population si les importations disparaissent. Et elle n'est pas à l'abri de crises qui menacent l'approvisionnement depuis l'étranger.
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)
