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Nouveau plan loup en France
20.02.2018 – Les critiques pleuvent de tous côtés.
(ATS/AGIR) - Plafond d'abattage de 40 loups en 2018, indemnisation des éleveurs sous conditions: publié lundi après plus d'un an de concertations tendues, le nouveau plan loup français 2018-2023, qui veut organiser la "coexistence" entre l'animal et les troupeaux, ne satisfait ni les éleveurs ni les défenseurs de la vie sauvage. "Il n'y a pas de choix parfait", résumait récemment le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot. "Je suis obligé de tenir compte des éleveurs, donc je suis obligé malheureusement de prendre des mesures qui me font mal aux tripes, de dire qu'il va quand même falloir tuer quelques loups", lançait-il ainsi à des enfants dans l'émission Au Tableau sur C8. Nicolas Hulot précise toutefois que le nombre de loups à abattre sera "actualisé" une fois connus les chiffres de population au printemps et porté à 10% de la population. Fin 2016, la population était estimée à environ 360 individus, contre 292 en 2016. Les scientifiques recommandent de ne pas abattre plus de 10 à 12% de l'effectif chaque année pour ne pas remettre en cause la viabilité de l'espèce et atteindre les 500 individus que vise le gouvernement d'ici à 2023. Ainsi, à partir de 2019, le plafond annuel sera fixé à 10% de la population, avec possibilité de relèvement à 12% "en cas d'atteinte du plafond avant la fin de l'année civile et de dommages particulièrement importants", a précisé le ministère de la Transition écologique. Les tirs de prélèvement ne pourront s'effectuer qu'entre septembre et décembre, mais les éleveurs pourront "toute l'année" se défendre "en cas d'attaque", a-t-il ajouté. "Notre inquiétude, c'est qu'il faudra l'accord du préfet coordonnateur pour dépasser la limite des 40 loups autorisée quand il y a une attaque" de troupeau, a toutefois réagi la présidente de la Fédération nationale des syndicats des exploitants agricoles (FNSEA) Christiane Lambert lors d'une conférence de presse. "Nous avons demandé qu'à chaque attaque on tue le loup en cause. Cela permet d'éliminer le loup agressif et d'apprendre aux autres ce qui se passe quand on s'approche des troupeaux", a-t-elle affirmé.
Côté défenseurs de l'environnement, le mécanisme n'a pas non plus été bien accueilli. "Le tir indifférencié de loups est plus qu'inefficace, contre-productif (éclatement des meutes, dispersion, absence d'apprentissage de la cohabitation...)", ont commenté dans un communiqué commun plusieurs ONG, dont WWF et France Nature Environnement. Celles-ci dénoncent un "manque de courage politique".
"Nous faisons confiance aux acteurs et aux élus locaux pour dépassionner le débat et construire ensemble cette coexistence sur le long terme", ont commenté de leur côté Nicolas Hulot et le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert en préambule du plan.
Espèce protégée, le loup, disparu en France dans les années 1930, est revenu par l'Italie à partir de 1992. Il est désormais présent dans les Alpes et en Provence, dans le sud du Massif central et dans l'est des Pyrénées et ses attaques se sont multipliées, de 1400 brebis en 2000 à près de 10'000 en 2016.
Auteur : ATS/AGIR
